Toutes les études montrent qu’on redouble de moins en moins en France depuis les années 60, même si la pratique y reste toujours plus répandue qu’ailleurs en Europe. Brève mise en perspective historique…
Il n’est pas indifférent que le tout nouveau conseil
national d’évaluation du système scolaire (Cnesco)
ait choisi comme premier objet de travail une
incongruité - au moins sur un plan statistique -
bien française : le redoublement. Le phénomène a
néanmoins du plomb dans l’aile, la proportion d’enfants
sortant de l’école primaire avec du retard diminuant
régulièrement depuis un demi-siècle. Plus de
la moitié à la fin du CM2 au début des années 60,
ils sont encore 45 % dix ans plus tard pour n’être
que 25 % après la mise en place des cycles par Lionel
Jospin en 1989, 18 % en 2009 selon PISA, pour
arriver à 12 % d’après les chiffres 2012 de la rue de
Grenelle. Cette moyenne recouvre d’ailleurs des réalités
très différentes, une toute nouvelle enquête de
l’Insee venant préciser que 21 % des enfants boursiers
ont redoublé à l’entrée en 6e contre 10 % pour
les autres, 21,7 % scolarisés en zones urbaines sensible
(ZUS) et 11,6 % ailleurs.
Les niveaux qui
enregistrent les plus
forts taux de redoublement
sont le CP et le CE1.
Quoi qu’il en soit, ces taux restent très au-dessus de la moyenne des pays comparables qui est de 7 %. Ils interrogent, alors que les textes réglementaires en limitent de plus en plus la possibilité et que nombreuses sont les études qui dénoncent régulièrement le caractère injuste, inefficace et coûteux de cette pratique. Dernier avatar en date, la loi d’orientation de 2013 et un projet de décret examiné par le Conseil supérieur de l’éducation en juin dernier, qui prévoit de rendre le redoublement exceptionnel alors que parents et enseignants sont encore nombreux à lui trouver des vertus pédagogiques. Il faudra sans doute plus qu’un texte ministériel pour les convaincre du contraire. Et les solutions à imaginer pour faire avancer la question sont aussi sans doute à rechercher dans des alternatives opérationnelles, pour les enseignants, afin d’améliorer la gestion des difficultés de leurs élèves, de les faire avancer tous ensemble sur le chemin de la réussite. La conférence de « consensus » du Cnesco qui se déroulera tout au long du premier trimestre donnera sans doute quelques réponses.
Les élèves issus des catégories
socioprofessionnelles défavorisées
sont les plus touchés par le redoublement.
L’ensemble du dossier :
Présentation du dossier
Le redoublement ne peut plus être qu’exceptionnel
Des alternatives pour apprendre et rester ensemble
Du côté des parents : Des adhésions de principe
Et ailleurs : Mais comment font-ils donc ?
Trois questions à Thierry Troncin : « Une rigidité structurelle sclérosante »
Entretien avec Denis Meuret : « Coûteux, inéquitable et inefficace »