Des annonces très éloignées des enjeux !

Mis à jour le 22.12.23

min de lecture

Le ministre de l’Éducation nationale est venu présenter en personne devant le Comité Social d’Administration(CSA) ministériel réuni le 21 décembre un nouveau schéma d’emplois pour la rentrée 2024. Si le nombre de suppressions de postes est revu à la baisse, il n’en reste pas moins que le premier degré ne figure plus parmi les priorités.

Alors que 1 709 suppressions de postes dans le primaire étaient inscrites dans le projet de loi de finances pour 2024, ce nombre sera finalement ramené à 650.

Les 102 alertes sociales déposées par la FSU-SNUipp le mois dernier ont pesé dans ce choix. Mais si le ministre dit entendre en partie ces alertes sur la dégradation des conditions de travail dans les écoles, ces suppressions d’emplois même réduites ne permettront pas d’engager partout des améliorations. La baisse de la démographie scolaire – qui ne représente que 1,08% des effectifs prévus pour la rentrée 2024 – est une nouvelle fois utilisée pour justifier de nombreuses fermetures de classes.

Une rentrée 2023 calamiteuse

Le bilan de la rentrée 2023 confirme ce que la FSU-SNUipp pointait déjà après les opérations de carte scolaire. Ce sont 1 384 classes qui ont été fermées cette année dans le primaire (235 en maternelle et 1 152 en élémentaire).

La baisse démographique permet au ministère d’afficher des indicateurs favorables comme la hausse du taux d’encadrement avec un P/E à 6,00 (5,93 à la rentrée 2022) et un nombre moyen d’élèves par classe en baisse avec 21,5 élèves (21,7 à la rentrée 2022). Mais cette baisse montre de véritables disparités géographiques.

Pour la FSU-SNUipp, ces données ne rendent pas compte de la réalité des écoles. Notamment celle des effectifs des classes (28% ont encore des effectifs supérieurs à 25 élèves), les difficultés à assurer la continuité de l’enseignement faute de titulaires remplaçants en nombre suffisant, la précarité dans les écoles avec une forte hausse du nombre d’enseignantes et d’enseignants contractuels dans les écoles ou encore l’inclusion réalisée sans moyens qui met à mal les collectifs de travail.

Des priorités pour 2024 qui passent à côté des enjeux

Tout en supprimant 650 postes dans les écoles, le ministère maintient ses priorités pour les prochaines cartes scolaires départementales.

Il faudra finaliser le dédoublement des classes de grande section en éducation prioritaire, s’atteler à la scolarisation des moins de 3 ans dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, continuer à engager des moyens pour les dispositifs de l’école inclusive (ULIS, unités d’enseignement autisme, pôles d’appui à la scolarité), ou encore appuyer les contrats locaux d’accompagnement et de poursuivre le déploiement des territoires éducatifs ruraux. Si les mesures liées à l'Éducation prioritaire sont nécessaires, le nombre de postes alloué sera insuffisant pour les réaliser sans dégrader les conditions dans les autres classes de l’EP qui ne bénéficient pas de mesures.

Une répartition très inégale

Le bilan de la rentrée 2023 met en avant des disparités entre les académies qui ne seront pas résorbées, certaines d'entre elles seront fortement impactées par les fermetures de classes.

.

Dotations académiques rentrée 2024

Passez votre souris sur la région souhaitée pour plus d'informations.

VARIATION DES MOYENS D’ENSEIGNEMENT RENTRÉE 2024
Académie Mesure de rentrée 2024
Aix-Marseille 0
Amiens -80
Besançon -70
Bordeaux -40
Clermont-Ferrand -50
Corse 5
Créteil 130
Dijon -98
Grenoble -40
Guadeloupe -52
Guyane 115
Lille -219
Limoges -34
Lyon -40
Martinique -55
Mayotte 190
Montpellier 10
Nancy-Metz -120
Nantes -92
Nice 90
Normandie -110
Orléans-Tours -70
Paris -125
Poitiers -82
Reims -90
Rennes -55
Réunion 55
Strasbourg -40
Toulouse -33
Versailles 200
Réserve 150
 TOTAL  -650

.

Pour le syndicat, ces mesures passent à côté des véritables enjeux, ceux des conditions de travail qu’il faut améliorer. C’est plus d’adultes qu’il faut dans les écoles pour faire face aux difficultés des élèves, assurer l’inclusion et permettre tous les remplacements. Le ministère se trompe de priorité en ne s’attaquant pas aux inégalités scolaires et en privant l’École des moyens nécessaires pour relever ce défi. Pire, il les aggrave au détriment des élèves les plus fragiles.

La FSU-SNUipp appelle les personnels enseignants et AESH à se mettre en grève le 1er février prochain. C’est toutes et tous ensemble que nous gagnerons un véritable choc de reconnaissance pour l’École !