De l’EPS à l’école pour toutes et tous
Mis à jour le 29.05.20
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La re-conceptualisation de la journée scolaire entre activités physiques et culturelles déléguées aux collectivités et enseignements fondamentaux pour les PE remet en cause la conception du métier enseignant du 1er degré. Le SNUipp-FSU et le syndicat des professeurs d’éducation physique (SNEP-FSU) le dénoncent dans un communiqué commun.
Sous couvert de permettre le retour à l’école du plus grand nombre, le ministère met en place un dispositif dénommé 2S2C (sport, santé, culture, civisme) avec des activités sportives et culturelles assurées par les collectivités territoriales. Dans un communiqué le SNUipp-FSU et le SNEP-FSU alertent sur le fait que « cette externalisation de l’EPS et de la culture renforcera les inégalités puisque les 2S2C ne seront pas proposées sur tout le territoire et qu’elles auront un coût pour les collectivités et donc pour les familles ».
Ils rappellent que « ces disciplines sont dispensées habituellement à tous les élèves, sans aucune distinction, par des personnels enseignants qui les connaissent parfaitement ».
Aussi, les deux organisations syndicales alertent sur le fait que si ce dispositif est présenté comme transitoire, il ne doit en aucun cas conduire à déposséder les PE de l’enseignement du sport et de la culture.
Le communiqué
De l'EPS à l'école pour toutes et tous !
Afin de permettre la reprise économique et assurer la sortie du confinement, le ministre de l’Éducation Nationale a décidé de reconceptualiser la journée des élèves au prétexte de rester en conformité avec le protocole sanitaire. Ce dernier imposant des groupes restreints d’élèves en présentiel classe, comment rendre alors possible la reprise du travail pour les parents ? Il a positionné 4 temps différents pour les élèves : en classe – en télé enseignement à la maison – en étude – sur les activités 2S2C ( Sport, Santé, Culture, Civisme). Si les deux premiers sont organisés par les équipes enseignantes, les deux suivants ne sont que facultatifs, là où les collectivités locales décident de les mettre en place. J.M Blanquer tente un coup de poker et instrumentalise la situation pour avancer dans son projet : les enseignements qui sont pour lui «fondamentaux» (les maths et le français) incombent aux professeurs des écoles, et le sport et la culture doivent être délégués aux collectivités territoriales. Mais c’est faire fi de la conception du métier d’enseignant dans le premier degré et de son inter disciplinarité que revendiquent les PE. Cette externalisation de l’EPS et de la culture renforcera de plus les inégalités puisque les 2S2C ne seront pas proposées sur tout le territoire et qu’elles auront un coût pour les collectivités et donc pour les familles. Alors qu’enseignées au sein de la classe sous la forme actuelle, ces disciplines sont dispensées à tout.es les élèves, sans aucune distinction, par des enseignant.es qui les connaissent parfaitement. Si les 2S2C ont été annoncé par Blanquer comme une élément marquant de la reprise, la pertinence du dispositif n’a pas été reçu de la même façon par les collectivités. Très peu d’entre elles ont souhaité les mettre en place.
Les 2S2C ne sont donc pas la première tentative de déposséder les enseignant.es de l’enseignement du sport et de la culture. Même s’ils sont présentés aujourd’hui comme un dispositif transitoire, la situation actuelle ne permet pas de savoir dans quelles conditions se déroulera la rentrée de septembre. Si le protocole sanitaire perdure encore plusieurs mois, cette option d’externalisation de l’EPS et de la culture risque d’être utilisée et de se voir ancrer dans des textes officiels. Le partenariat avec des clubs sportifs, des associations est déjà une option proposée par le ministre de l’éducation nationale mais aussi par la ministre des
sports dans le cadre des futurs jeux olympiques et de la labellisation d’établissements « Génération 2024 ».
Après deux mois de confinement, les élèves auront vécu cette période de façon inégalitaire, pour certain.es avec une longue période d’inactivité, de problèmes de sur poids. Plutôt que de démunir le premier degré, il aurait été plus judicieux de réfléchir avec des professeurs d’EPS sur comment faire de l’EPS en période de pandémie, et proposer aux équipes des outils afin que cette discipline ne disparaisse pas des enseignements durant les mois de mai et de juin. L’urgence était de sensibiliser les équipes sur l’importance de l’enseignement de l’EPS lors de cette reprise, pour tous et toutes, et permettre aux élèves de retrouver une liberté du corps et de l’esprit dans une reprise anxiogène et modelée dans un carcan de règles très strictes.
Paris, le 18 mai 2020