Des moyens… pour la comm ministérielle

Mis à jour le 22.02.24

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Un livret et une pièce de deux euros par élève en élémentaire… Alors que le manque de moyens se fait cruellement sentir, le ministère de l’éducation trouve seize millions d’euros pour financer une propagande qui passe totalement à côté des enjeux du sport scolaire.

De nombreuses écoles ont eu la surprise de recevoir cette semaine des cartons contenant à destination des élèves un livret sur les JOP accompagné d'une pièce commémorative de 2 euros. Cette livraison, qui doit être généralisée, est accompagnée d’un mail qui précise qu’il faut attendre “que ce dispositif national soit d’abord officiellement et publiquement annoncé” et qu’en attendant, le matériel doit être stocké “dans un local sécurisé”.
Une fois de plus en totale déconnexion avec le terrain, le ministère signe là une opération de communication qui frôle l'absurde tant sur le fond que sur sa mise en œuvre.
Et cerise sur le gâteau, le livret est cosigné par la ministre des sports et des JOP Amélie Oudéa-Castéra et le ministre de l'Éducation nationale … Gabriel Attal, les livrets ayant été imprimés en décembre.

Un budget conséquent pour une simple opération de communication

Ce qui pourrait simplement prêter à sourire est dans les faits une véritable provocation. Au moment où Bercy annonce des économies drastiques dans les ministères, ce sont 16 millions d’euros qui viennent d’être trouvés et dépensés pour une opération de pure communication auprès des familles des 4 millions d’élèves des écoles élémentaires. Alors que le ministère a été dans l’incapacité de livrer correctement des masques au moment du Covid, les notices de vote lors des élections professionnelles ou bien encore les livrets d’évaluation des élèves de CP-CE1, les grands moyens sont déployés pour acheminer la propagande gouvernementale.

Aucune visée pédagogique à cette opération

Sur le plan pédagogique, le livret qui contient trois discours (E Macron, G Attal et A Oudéa Castera) et des jeux pédagogiques ne peuvent être adaptés aux élèves allant du CP au CM2. Heureusement, les PE n’ont pas attendu la publication de ce livret pour mettre en place des activités autour de l’Olympisme en lien avec la pratique de l’EPS. Une fois encore c’est une marque d’un profond mépris envers les professionnels que sont les enseignant·es. Par ailleurs, le fait même de distribuer de l’argent aux élèves par l’intermédiaire de l’école pose question. Ce n’est pas du rôle de l’école et la valeur d’une pièce de 2€ n’est pas la même qu’on soit issu d’un milieu défavorisé ou d’un milieu favorisé. Certaines familles sont en incapacité de payer leurs factures et bouclent leur budget à l’euro près. Quand certains élèves garderont cette pièce en souvenir, d’autres la donneront à leurs parents pour acheter le pain.

Un message sur l’EPS qui passe à côté des enjeux

Sans compter que le message concernant le sport passe totalement à compter des enjeux qui sont ceux de la démocratisation des activités physiques, sportives et artistiques à travers le sport scolaire. La réalité c’est pourtant que 10% des élèves n’iront jamais à la piscine lors de leur scolarité ou encore que de trop nombreux élèves ne peuvent, pour diverses raisons, bénéficier de l’horaire réglementaire d’EPS pourtant inscrite aux programmes. L’achat même de matériel d’EPS est compliqué pour certaines équipes.
Au lieu de donner une pièce à chaque élève, le ministère serait bien inspiré d’utiliser l'argent public à bon escient : le financement d’une école publique qui garantisse réellement les conditions d’enseignement et de scolarisation permettant la réussite de toutes et tous.