La fessée au banc des accusés

Mis à jour le 09.03.15

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Une condamnation de la France par le conseil de l'Europe relance le vieux débat sur le caractère éducatif de la fessée.

C'est un camouflet. Le 4 mars dernier, la France s'est vue condamnée par le conseil de l'Europe pour ne pas prévoir «  d'interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels  » dans sa législation. Une décision toute symbolique et non-contraignante, mais qui relance le vieux débat sur l'utilité ou les dangers de la fessée dans l'éducation des enfants. «  Perte de maîtrise », « usage et abus d'un rapport de force inégal  », «  gestes humiliants et attentatoires à la dignité de l'enfant  », la plupart des pédopsychiatres sont hostiles aux fessées, qui signent avant tout une «  faillite des parents  » comme le relève le pédiatre Aldo Naouri. Pour Agnès Florin, spécialiste de la psychologie de l'enfant, gifle ou fessée «  ouvrent la porte aux violences car chacun va avoir sa propre vision de ce qu'est une “petite” fessée et toute atteinte physique à l'enfant est une atteinte à son intégrité. C'est tout sauf prendre en compte l'autorité parentale.  »

Convaincre ou légiférer  ?

Pourtant, d'après les derniers sondages, 80 % des français restent opposés à une interdiction qui saperait cette autorité. Un chiffre qui explique peut-être la prudence de Laurence Rossignol, Secrétaire d'Etat à la famille, qui tout en se déclarant «  favorable à une éducation sans violence  » estime que convaincre les parents d'abandonner les punitions corporelles ne passe pas par la loi et qu'on peut élever ses enfants et leur donner un cadre sans y recourir. Un cadre légal d'ailleurs difficile à définir, celui de la maltraitance existant déjà, et qui ne prendrait pas en compte la notion de violences psychologiques sur lesquelles il est impossible de légiférer. Pourtant, depuis 1979, 44 états ont aboli en droit les châtiments corporels à l'encontre des enfants.