Le numérique éducatif n’est pas une marchandise
Mis à jour le 28.06.17
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L’autorisation par le ministère d’utiliser les offres de services éducatifs des géants d’internet dans les établissements scolaires alerte la CNIL et le Conseil national du numérique qui rappellent l’Éducation nationale à ses obligations.
C’est une initiative qui a déclenché une vague de protestations dans le monde éducatif. Dans un courrier daté du 12 mai, Mathieu Jeandron, délégué au numérique du ministère de l’Éducation nationale autorisait l’utilisation dans les établissements scolaires des offres de service des grands fournisseurs du web, les fameux « GAFAM » (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.) Alors que jusqu’ici les espaces numériques de travail utilisés par enseignants et élèves répondaient à un cahier des charges très strict en matière de sécurisation et de confidentialité des données, le risque est réel de voir désormais ces dernières livrées sans contrôle aux géants d’internet pour une utilisation commerciale.
Des données convoitées
La FCPE et plusieurs organisations syndicales s’en sont alarmées, suivies par la CNIL qui le 24 mai, dans un communiqué, jugeait « plus que jamais nécessaire de fixer un cadre de régulation adapté qui protège de façon effective les données personnelles des élèves et des enseignants. » Le Conseil national du numérique a lui aussi réagi : « ce sont des données qui ont de la valeur, qui permettent de la recherche et développement en matière d’apprentissage adaptatif, par exemple, et qui sont parties vers des acteurs privés ». Or, la charte de confiance sensée encadrer les conditions générales d’utilisation (CGU) des services et des logiciels éducatifs mis à disposition des établissements n’est toujours pas finalisée. Pour la CNIL, cette charte devra en tout état de cause constituer « un encadrement juridique contraignant » prévoyant notamment que les données scolaires soient hébergées en France ou en Europe. En attendant, elle appelle les responsables éducatifs, les enseignants et les collectivités locales à la plus grande vigilance. Ceci afin d’éviter la captation des données personnelles à des fins commerciales par les crocodiles de la toile.