Un peu de respect, Monsieur Griveaux

Mis à jour le 05.09.18

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Le SNUipp-FSU rappelle au porte-parole du gouvernement quelques vérités sur l’école, les enseignants et leur évaluation.

« À force de ne pas juger les professeurs, ça fait quinze ans qu’on flingue 20% d’une génération. C’est criminel. »

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, n’est jamais en peine d’une formule choc et vient encore de le montrer sur les antennes d’Europe 1. Afin d’installer dans l’opinion publique l’idée du salaire au mérite pour les enseignants, il les accuse de « flinguer » 20% d’une génération d’élèves. Rien que ça !
La ficelle est un peu grosse quand les difficultés de l’école française, qui échoue particulièrement à faire réussir ceux qui sont les plus éloignés de la culture scolaire, sont connues depuis bien longtemps.

De vraies difficultés

20% des élèves, c’est vrai, buttent aujourd’hui sur les compétences indispensables pour réussir leurs études puis leur vie professionnelle. Mais Monsieur Griveaux, plutôt que d’accuser les enseignants, serait bien inspiré de consulter tous les rapports et comparaisons internationales qui pointent la France comme mauvaise élève de la classe occidentale, tant en termes d’investissement pour son école qu’en fonction de critères comme le nombre d’élèves par classe, la trop grande focale mise sur les enseignements fondamentaux, la formation continue exsangue ou encore la trop faible rémunération de ses enseignants, particulièrement à l’école primaire.

École de la confiance ?

M. Griveaux fait semblant d'ignorer par ailleurs que les enseignants sont évalués. La dernière réforme de leur évaluation définit des rendez-vous de carrière ainsi qu’un accompagnement par les inspecteurs de l’éducation nationale. Pour autant, la seule pédagogie, même régulièrement évaluée, ne peut résoudre des difficultés culturelles, sociales qui nécessitent des politiques publiques fortes.

Qui peut penser que les enseignants n’ont pas à cœur de faire réussir leurs élèves ? Ils s’y attachent tous les jours avec opiniâtreté et conviction mais avec les moyens dont ils disposent.
Depuis un an, la petite musique de "l’école de la confiance" est présente partout dans les médias. Monsieur Griveaux lui donne un écho très particulier. Pour le SNUipp-FSU, la confiance ça commence par du respect. Notamment pour les personnels.