À Malakoff, pas de vacances pour les colos

Mis à jour le 02.06.20

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Malakoff a fait le choix de conserver et d’entretenir son patrimoine de centre de vacances.

« Vacances apprenantes » ou colo « studieuse », c’est le nouveau concept sorti tout droit de la rue de Grenelle et censé à la fois relancer les départs en centres de vacances et « en même temps » permettre de faire du soutien scolaire (lire en bas). Ce n’est pas la première fois que le ministère tente de relancer les départs en colo mais les campagnes de communication « 100%#colo » n’ont pour l’instant pas rencontré le succès escompté. Selon les chiffres de l’Observatoire des vacances et des loisirs des jeunes (OVLEJ), les enfants et les jeunes étaient un peu plus de 800 000 à être accueillis dans les colonies de vacances en 2018 - 2019, contre plus d’un million en 2007.
Ils étaient deux fois plus nombreux dans les années 80. Une désaffection qui a paradoxalement suivi le développement d’une société des loisirs comme le fait remarquer Jean Houssaye, professeur en sciences de l’éducation : « Plus le loisir est devenu normal, plus on s’est occupé des enfants, moins on les a confiés aux centres de vacances ». Et pourtant les colos restent un objet sensible. Lieux de plaisir, de camaraderie, de vie collective et d’expérimentation, implantées loin des villes et de leurs désagréments, elles ont longtemps été portées par des politiques municipales d’envergure mais qui se sont largement étiolées à partir des années 80. Ainsi les médias se sont souvent fait l’écho de ces immenses bâtiments défraîchis que l’on peut trouver à des prix imbattables sur le Boncoin.

Une ville modèle

Au contraire, Malakoff dans les Hauts-de-Seine a fait le choix de conserver ce patrimoine. Avec pas moins de quatre centres de vacances couvrant des destinations variées, elle fait figure de très bonne élève en la matière. « Au cours de mon enfance, je suis partie dans les quatre lieux », raconte Katalin Lhomme, résidente de la commune et aujourd’hui responsable de l’association des parents d’élèves FCPE. « À Vauders d’abord, qui est un centre situé dans l’Yonne adapté aux enfants d’âge maternel », explique -t-elle. « Ensuite, à Fulvy toujours dans l’Yonne et plus tard à La Tremblade au bord de l’océan atlantique. Puis, quand on est ados, le centre de Megève nous permet de découvrir les activités de montagne et notamment le ski, l’hiver ».
Katalin n’a pas fait que séjourner dans ces centres, elle y a aussi travaillé quand, étudiante, elle cherchait des boulots d’été. « D’abord dans des emplois techniques puis comme animatrice et directrice puisque la commune m’avait financé mon BAFA et mon BAFD à la condition que je travaille pour elle ensuite », se souvient-elle. Une véritable culture-colo qui fait école puisqu’aujourd’hui ce sont les trois filles de Katalin qui partent à leur tour en séjours. « Avec certains des animateurs qui étaient colons quand je dirigeais », raconte-t-elle, non sans une certaine fierté.

Lever les freins financiers

Et si une famille peut aujourd’hui faire partir ses trois enfants en colo à Malakoff, c’est aussi grâce au soutien financier de la commune. « On a une politique tarifaire en fonction du quotient familial et les familles nombreuses bénéficient également d’un tarif dégressif », explique Vanessa Ghiati, adjointe au maire en charge des politiques jeunesse et éducation. « On souhaite conserver un accès pas trop onéreux et solidaire et nous faisons tout pour maintenir une mixité sociale dans nos séjours », argumente-t-elle. « Nos centres constituent une tradition, un héritage, ils ont marqué des générations et même si la population se renouvelle, les colos restent une identité très forte de la ville ». Aussi la commune y consacre chaque année « un budget de 1,7 millions d’euros hors masse salariale et des investissements réguliers sont menés au fur et à mesure des besoins et de l’évolution des normes, notamment en matière d’accessibilité », explique l’adjointe.

Classes de découvertes

La présence de ce patrimoine communal, c’est aussi pour près de 500 écoliers malakoffiots la possibilité de partir en classes de découvertes chaque année. « La ville met à notre disposition tout l’encadrement. La logistique est gérée, le transport aussi, y compris une sortie sur place », raconte Florence Diette, enseignante à l’école élémentaire Henri Barbusse. Elle part régulièrement en séjour avec ses élèves de CP et CE1.
« C’est un gros projet qui fédère autour de sa préparation tout au long de l’année. Lors de cette vie ensemble pendant 12 jours, les enfants gagnent en autonomie, abordent des notions d’hygiène et de respect des autres dans la vie collective. On va plus loin que dans le quotidien scolaire », explique l’enseignante. « Des enfants qui nous reviennent grandi et pas peu fiers », témoigne Émilie Gasc, maman de Lucie partie dès la grande section sur le centre de Vauders. « Le fait que les centres soient gérés par la commune et que dans notre entourage beaucoup de parents les connaissaient nous a beaucoup rassurés », conclut-elle. 

« Colos studieuses », C’est avec ce label que la rue de Grenelle souhaite notamment compenser le retard scolaire pris par les enfants au printemps. Un projet qui annonce la possibilité de « rattraper les fondamentaux » ou encore de « renforcer son niveau scolaire » en colo. Pour les associations et les mouvements d’éducation populaire regroupés au sein de la JPA*, « si les séjours de l’été peuvent permettre de participer à la remobilisation de certains élèves, ils ne peuvent, par contre, avoir pour vocation à compenser d’un point de vue scolaire les mois passés en confinement ». Les associations rappellent que « les vacances et les loisirs collectifs ont une valeur éducative intrinsèque et permettent à l’enfant de développer son autonomie, le plaisir d’expérimenter, d’apprendre et de faire ensemble ». « Cela doit être pleinement reconnu », ajoutent-elles et doit « donner lieu à un soutien financier pour l’ensemble des séjours ». *Jeunesse au Plein Air

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