Attractivité du métier
Mis à jour le 03.09.22
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Itv de Géraldine Farges, maîtresse de conférence
GÉRALDINE FARGES est maîtresse de conférence à l’université de Bourgogne-Franche Comté.
Pourquoi si peu de candidats ?
Plusieurs éléments expliquent le manque de candidats. Une conjoncture particulière avec la réforme de la formation et une modification du moment où les étudiants passent le concours. Il y a donc peu de candidats du fait du décalage de l’année de passation du concours, qui était en fin de Master 1 jusque l’an dernier et qui est passée en fin de Master 2. Mais la faiblesse des candidats dans certaines académies n’est pas nouvelle et est très nette depuis la fin des années 2000.
Ce n'est donc pas seulement conjoncturel ?
Non. La cause de cette pénurie s’explique surtout par des raisons structurelles. La première est liée au salaire. Alors que le niveau d’exigence de diplôme s’est élevé – bac +5 aujourd’hui contre bac +3 il y a quelques années – le salaire, lui, n’a pas évolué. Les conditions de travail peuvent aussi expliquer le manque de candidats. Comme dans beaucoup de métiers de la fonction publique, ce que l’on demande aux enseignants est davantage prescrit et ils doivent assurer davantage de travail bureaucratique, éloigné du « cœur de métier ». Très tôt, les étudiants ont conscience de la charge de travail d’un enseignant, qui ne se limite pas aux 24 heures devant élèves. Alors lorsqu’ils comparent les perspectives entre public et privé où les salaires sont plus importants à niveau de diplôme égal, ils hésitent davantage que par le passé. Le système d’affectation et les contraintes de la mobilité géographique expliquent également le manque de candidats. Quand on est nommé dans l’académie de Dijon par exemple, on peut être affecté à trois heures de chez soi. C’est d’ailleurs une des principales raisons de démissions parmi les néo-enseignants du secteur public.
Est-ce la conséquence de choix politiques ?
Depuis trente ans, nous sommes dans un contexte de nouvelle gestion publique, avec une grande attention portée à la rationalisation budgétaire. Derrière les politiques de recrutement, il y a très clairement des enjeux budgétaires. Cependant, il y a aussi, on le sait, des coûts économiques et sociaux lourds associés à ces pénuries plus ou moins localisées d’enseignants, en termes d’inégalités scolaires surtout, dont les effets peuvent se percevoir à court terme et durer longtemps. Les politiques auraient tout intérêt à les mettre dans la balance.