Des haikus en trois coups
Mis à jour le 06.10.21
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Reportage à l'école de Roquefort-les-Pins autour de sa production d'écrits poétiques
C’est pas à pas que les CM1 de Roquefort-les-Pins s’engagent dans la production d’écrits poétiques.
« Qui peut me rappeler ce qu’est un haïku ? ». Après leur découverte dans l’album « La vieille dame et le voleur » et des lectures préalables, les acquis des CM1 d’Aurélie Brun, enseignante à l’école de Roquefort-les-Pins (Alpes-Maritimes) sont solides. Les réponses fusent : « Ce sont de petits poèmes japonais », « ils évoquent la nature », « ils ont trois vers… et 17 syllabes : 5 puis 7 et encore 5 »… « mais pas toujours » corrige Inès, car des formes modernes dérogent à la tradition nippone. « Avant d’écrire, il faut avoir lu, confirme Aurélie. Étudier des textes en amont est indispensable, c’est important d’avoir un référentiel avec des critères auxquels se reporter. »
Sans précipitation, un brainstorming collectif liste des éléments naturels pour nourrir l’inspiration individuelle. Ce travail de préparation permet de dissiper un dernier doute sur la structure du poème : « non, il n’y a pas de rimes ». Pour surmonter la peur de la page blanche, des outils rassurent : un recueil de haïkus lus, des rappels sur leurs aspects culturels et surtout une grille de relecture. Ce document n’est pas familier pour certains élèves, il faut donc expliciter sa fonction et son mode d’emploi. Les élèves remarquent que tous les éléments spécifiques au haïku y figurent. « Si, après votre premier jet, vous ne cochez pas certaines cases, il faudra réécrire votre texte », précise Aurélie.
Droit à l'erreur
Avant le signal de départ, une dernière précaution répond aux hésitations : « oui, on peut commencer par écrire toutes ses idées au dos de la feuille ». Rien de ce qui participe à lever les inhibitions n’est considéré comme du temps perdu. « Le crayon à papier est un allié précieux pour oser se lancer, il met les enfants en confiance, défend Aurélie. Ils savent que ce n’est pas définitif. On n’est pas en évaluation ».
Si l’écriture est individuelle, les conseils et remarques s’échangent entre pairs : « là, ça ne marche pas, tu n’as pas cinq syllabes », « ici, c’est faux, ce n’est pas un élément naturel », « oui, c’est bon, tu as bien conjugué au présent »… Les différences de rythme autorisent les plus rapides à proposer leur aide. Le tutorat s’organise en paires qui vérifient le nombre de syllabes, le sens et la cohérence des textes. L’alternance des rôles de lecteur et d’écrivain renforce la maîtrise de la langue écrite. Du coup, pas vraiment le temps d’ouvrir les dictionnaires posés sur les tables. La vérification orthographique est différée à la prochaine séance, consacrée à la mise au propre. Celle-ci fera l’objet d’une attention particulière car l’haïku écrit sera intégré à une composition artistique, exposée dans l’école. « Le travail n’est donc pas terminé », rappelle l’enseignante qui reprendra chacun des textes pour indiquer des pistes d’amélioration aux élèves. « Avant chaque nouvelle séance, la préparation de classe est réajustée en fonction de ce qui a été fait, c’est vrai que c’est assez lourd ». Pour l’heure, la classe savoure des lectures partagées des productions du jour : « Une feuille dans la cour – Avec son ami le vent – Jouent dans les arbustes ».