Festival Film d'Education
Mis à jour le 05.02.24
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À Évreux, le film d’éducation fait son cinéma
Pour la 19e année consécutive, le Festival international du film d’éducation des Ceméa à Évreux, a réuni chaque jour, 1 500 spectateurs et spectatrices, de tous âges, pour aborder de nombreux sujets de société.
Dans une ambiance feutrée, confortablement installés dans les fauteuils d’un cinéma d’Évreux (Eure), des élèves de CE2, CM1 et CM2 assistent à la programmation jeune public du Festival international du film d’éducation (FIFE). Sur l’écran, le court métrage « Des tresses » de Leïla Macaire : Lili, l’héroïne, est nouvelle dans son école. Elle subit les mauvaises plaisanteries de Réda, un jeune garçon de sa classe et se lie d'amitié avec Dado, une petite fille d’origine africaine. Toutes deux vont s’allier pour que cessent les comportements de Reda. Fin de la projection, applaudissements, les lumières se rallument. Le film n’a laissé personne indifférent. Les animateurs et animatrices en charge de « l'accompagnement du spectateur » partagent la salle en quatre groupes. L’un sera l’avocat de Lili, un deuxième de Dado, un troisième de Reda et un quatrième des personnes qui ont assisté aux différentes scènes mais sont restées spectatrices. Les élèves entrent en conciliabules durant quelques minutes autour de leur enseignante : « Elle s’est vengée parce qu’il embêtait sa copine mais elle n’a pas été méchante, c’est juste pour lui faire comprendre qu’il est allé trop loin et qu’il faut qu’il arrête », « Dado est solidaire avec Lili », « Peut-être que Réda est amoureux de Lili et qu’il veut attirer son attention », « Ce n’est pas du harcèlement mais si rien n’est fait cela peut le devenir »... les explications et les hypothèses fusent. « L’enjeu est de mettre les élèves en position d’acteurs, qu’ils réfléchissent, s’expriment, se confrontent aux autres, explique Louise Rénier, responsable du pôle culture des Ceméa Normandie en charge de l’accueil et de l’animation du jeune public au festival. C’est aussi leur donner des clés pour comprendre et recevoir les émotions suscitées par le film. »
Un festival engagé
Et lors de ce festival, les émotions sont nombreuses. « La centaine de films à destination d’un large public porte sur des sujets sociétaux comme la paix, la lutte contre les discriminations, le droit des femmes, l'identité, la solidarité, la sororité, le climat, etc., détaille Christian Gautellier, directeur du festival. L’objectif est de créer un événement culturel mais aussi de mobiliser la culture dans une démarche de citoyenneté ». La dimension internationale offre un regard pluriel avec des préoccupations communes. « Être sur ce qui nous rassemble et non sur ce qui nous divise », précise le directeur. Le FIFE, c’est aussi chaque année trois conférences – éducative, sociétale et environnementale – qui permettent d’échanger avec des experts ou expertes. Cette alchimie séduit et s’exporte aux travers des « Échos du festival » dans différents territoires français – urbains, périurbains, ruraux, DROM –mais aussi à l’étranger comme à Ixelles en Belgique ou à Tcheliabinsk en Russie en 2019. En 2023, plus de 40 échos du festival ont été déclinés en ciné débats, ciné parents, ciné aidants, séance famille, journées des droits des femmes, éducation et action contre le racisme, séance en plein air, question de genre…
Une place importante faite au jeune public
En Occitanie, les Ceméa ont choisi de cibler le jeune public. « La programmation du FIFE à destination des élèves de la maternelle jusqu’au lycée est venue des éditions régionales d’Occitanie, rapporte fièrement Solène Gatineau, responsable des échos du festival de sa région. L’objectif est de sensibiliser les enfants au cinéma en tant qu’art mais aussi, au travers d’une médiation culturelle, de parler d’enjeux citoyens, d’aiguiser l’esprit critique, de se confronter aux autres, d’avoir les prémices d’une éducation à l’image. Une démarche qui a concerné 5 500 petits et jeunes spectateurs occitans l’an dernier ! ». La programmation jeune public tient une place importante dans le festival du FIFE avec une quarantaine de films sur cent qui aborde différentes thématiques éducatives. « Les films proviennent essentiellement d’autres festivals car le film jeune public est peu distribué en dehors de ces lieux, explique Suzon Médeau, responsable du jury prix jeune public. Nous faisons le choix de mettre en avant des films avec des thématiques fortes comme le handicap ou l’environnement et d’autres pour leur qualité cinématographique ou leur format original ». À l’exemple du fi lm « Le Peintre et les drapeaux », lauréat du prix jeune public, réalisé par Étienne Husson qui a souhaité « transmettre le message central d’ode à la paix » mais aussi « l’esthétique, le graphisme et la poésie du livre jeunesse dont est tirée cette histoire à travers de l’image animée et audiovisuelle ».
La qualité de la programmation séduit la profession enseignante. « Les enfants voient de beaux films adaptés à leur âge, précise Sophie Buquet, enseignante de CE2 à l’école Maillot d’Évreux. J’apprécie à la fois la richesse de la programmation mais aussi l’aspect pluridisciplinaire que permet cette sortie ». De retour en classe, Sophie a prévu d’en appeler au sens critique de ses élèves et de travailler le langage oral autour de débats qui seront l’occasion d’argumenter, d’échanger et de faire des choix. S’en suivront des écrits pour rendre compte de la sortie ou résumer le film préféré. L’engouement est partagé par les PE de maternelle. Pour Sylvie Da Ponte, enseignante à la maternelle Maxime Marchand d’Évreux, « c’est l’occasion pour les élèves de découvrir des films du monde entier et de partager une expérience collective. Pour certains, c’est une première expérience du cinéma ». Là encore, les courts métrages seront réinvestis pour travailler sur l’eau, le langage ou la dictée à l’adulte. L’an prochain, Sylvie et Sophie participeront à nouveau avec leur classe à la 20e édition du FIFE.
VOIR OU REVOIR LES FILMS
Chaque année, à travers la diffusion d’un DVD, le prix jeune public du Festival international d’éducation d’Évreux soutient quatre à cinq courts métrages témoignant des problématiques de l’éducation. À travers cette collection, les Ceméa s’engagent à proposer ces films d’éducation, peu ou pas diffusés dans le cadre commercial, à des publics toujours plus nombreux et à les diffuser dans un ensemble de réseaux pour alimenter des débats citoyens sur l’éducation. Les droits de médiathèque ont été négociés en amont afin que les écoles, le périscolaire ou les familles puissent se constituer une vidéothèque de qualité et les visionner autant de fois qu’ils le souhaitent. À retrouver sur YAKAMÉDIA.FR