Géo trouve tout

Mis à jour le 03.09.18

3 min de lecture

La géographie est une discipline peu outillée où la professionnalité des enseignants est à l’œuvre.

« Les manuels de géo sont écrits par des historiens du secondaire », commence Xavier Leroux, enseignant en CM2 à l’école Pierre Brossolette de Tourcoing située en Rep+ dans le Nord. Pour ce géographe de formation, la carence en outils pour le primaire dans cette discipline a été déterminante pour en concevoir lui-même. Les trois thèmes des programmes de géographie, se déplacer, communiquer et mieux habiter, focalisent la discipline sur le rôle de l’homme qui organise et aménage son espace. « Il y a moins d’écart entre l’école et le monde actuel. Les repères sont juste insufflés au fur et à mesure ce qui laisse le temps de travailler ». Aujourd’hui, c’est la sortie du lendemain qui est au programme, pour mieux appréhender l’endroit où les élèves vivent. L’occasion pour eux de remplir la grille type imaginée par l’enseignant pour tous les déplacements : Comment ? Quand ? Où ? Pourquoi ?

À partir du vécu des élèves

Le temps de raviver le vocabulaire caché derrière ces interrogations, organisation, durée/temps, espace/lieu, motivation et les réponses fusent pour remplir la frise chronologique imagée qui servira de trace écrite à la sortie. « On va voir un terril », rappelle Nicolas. « Oui à Rieulay », précise le maître. La troisième étape est plus difficile à identifier. « C’est à Lewarde. C’était une exploitation minière, maintenant c’est un musée. Comment s’appelle ce genre de transformation ? » demande l’enseignant. « C’est une réhabilitation, comme pour la piscine de Béthune », s’exclame Léna. Le débat s’ouvre sur les motivations de la sortie. « C’est pour apprendre », affirme Nicolas. « Oui mais aussi se divertir »,  précise Aylin. « Tout ce qu’on fait en géo est en lien avec leur vécu ou avec leurs centres d’intérêt qu’on met en espace ». Cela commence par leur adresse à repérer sur une carte du quartier ou de la ville, mais aussi les retours de vacances, photos à l’appui. « Il faut alors insister sur les lieux et les noms propres. Les lieux ne sont pas juste des points sur une carte mais des bâtiments, des monuments, des paysages. En fonction de ces lieux de vacances proches ou éloignés, on peut se promener dans les échelles spatiales… mais il faut souvent construire les documents soi-même ». Des objets d’étude proches des élèves et des supports diversifiés : leurs déplacements, les animaux menacés dans le monde ou la traçabilité d’un produit alimentaire. Le sport est un must, que ce soit pour parler des infrastructures de montagne ou tracer le parcours de la flamme olympique. Le tour du monde des luttes traditionnelles organisé par Rachid Ghilmanou, l’éducateur sportif de la ville, a fait voyager du Japon à l’Australie en passant par le Sénégal, le Canada et l’Écosse. « Ce n’est pas la seule source mais la formation continue doit aider les enseignants à appréhender leur environnement de travail qui est le quotidien de leurs élèves », conclut Xavier.

Xavier Leroux a participé à la rédaction de « Géographie à vivre » et « Temps et espace à vivre » chez Accès Editions.

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