Géographie : une nouvelle dimension

Mis à jour le 25.11.21

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La géographie permet à l’élève d’appréhender le monde qui l’entoure.

L’enseignement de la géographie permet à l’élève d’appréhender le monde qui l’entoure. Mais les PE ne sont pas suffisamment formés pour remplir cet objectif essentiel souligné notamment par des chercheurs et chercheuses et revêtant dans le contexte actuel une dimension prospective certaine. 

Science à la fois physique, sociale, humaine et culturelle, la géographie permet aux élèves d’appréhender et de comprendre le monde dans lequel ils vivent. Cette discipline essentielle fait pourtant figure de parent pauvre de l’enseignement en primaire. Sans formation initiale et continue suffisante et souvent en manque de culture géographique, les enseignantes et enseignants éprouvent des difficultés à organiser les apprentissages axés sur cette matière complexe, chronophage par la préparation qu’elle demande et exigeante en termes de tenue de classe. Ils doivent également régulièrement s’adapter à des programmes changeants sans y avoir été préparés. Ainsi, après des décennies marquées par une approche naturalisée et descriptive de la géographie, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que les textes officiels posent les bases d’un enseignement problématisé et 2002 pour que les programmes soient effectivement dépoussiérés. Une évolution positive suspendue en 2008 avec « des instructions officielles » qui remettaient au premier plan la géographie physique. Dernier virage en date, celui de 2015, où les programmes de géographie ont acquis une dimension prospective, en particulier en matière d’éducation au développement durable (EDD). Ces liens étroits entre EDD et géographie sont renforcés par l’objectif de formation à l’éco-citoyenneté, un objectif défendu par le SNUipp-FSU. 

Une ouverture sur la société

Chercheurs et chercheuses spécialistes de l’éducation s’accordent aujourd’hui pour voir dans l’enseignement de la géographie un moyen d’ouvrir les enfants au monde qui les entoure et d’agir sur la société à laquelle ils appartiennent. Le géographe Michel Lussault, enseignant à l’École normale supérieure de Lyon, insiste sur le rôle joué par cette matière dans le développement de l’enfant. « La géographie concourt à donner aux élèves des éléments de connaissance de leur position dans l’espace et à partir de là permet de réfléchir au placement des autres mais aussi des choses, des fonctions, des objets ou encore des lieux », note-t-il en insistant sur la dimension transversale de cette discipline qu’il juge « connectable » avec les mathématiques, l’histoire, l’apprentissage écrit et oral de la langue, l’enseignement moral et civique ou encore l’éducation physique et sportive. En outre, pour Michel Lussault, la géographie constitue « un enjeu citoyen fondamental » car elle pousse l’élève à s’interroger sur sa place dans la relation aux autres et sur la façon dont la société organise les espaces de vie en commun. Une dimension révélée avec une grande acuité durant la crise sanitaire. Sylvie Joublot Ferré, docteure en géographie, met pour sa part en exergue le rôle déterminant joué par l’enquête de terrain qui doit occuper une place essentielle dans l’enseignement de la géographie. « Cette démarche permet la verbalisation, l’observation, la description qui sont des opérations cognitives fondamentales en particulier avec les tout petits », souligne-t-elle observant également que la formation initiale et continue est « un levier principal » pour les PE qui rencontrent des difficultés d’enseignement de cette matière.

Dossier 478 Géographie PG ©Millerand-Naja

Sur le terrain, les enseignants et enseignantes confirment l’apport essentiel de la géographie dans les apprentissages. Pour Serge Battu, PE dans une classe de Rep+ dans un quartier périphérique de Nice, la leçon de géo constitue pour les élèves de CM1-CM2 le moyen de comprendre le présent et d’interroger le futur. Les questions qui se posent pendant le cours permettent aux élèves d’aller vers une prise de conscience citoyenne. « Il s’agit de les faire passer d’un espace vécu à un espace analysé en construisant des notions compliquées de géographie urbaine : le rapport centre-périphérie, les questions d’enclavement et de mobilité… », confie l’enseignant reconnaissant que « la première difficulté est de disposer des documents qui partent du contexte de l’élève ». Anne Gutzwiller, enseignante à Strasbourg, a fait le choix de s’appuyer sur les savoirs construits par ses élèves de CE2 lors de sorties pour passer du concret à l’abstrait. « On a la chance d’avoir les différents types de paysage à une heure de car, explique-t-elle. Sortir pour ressentir les choses et ne pas avoir juste des connaissances abstraites. Les élèves ont vécu l’espace avec leur corps, eu froid, vu, entendu ».

Dossier 478 Géographie

ACCÉDER À L’ÉCO-CITOYENNETÉ

L’ancrage de la géographie dans la réalité sociale fait d’elle un pilier disciplinaire d’une éducation transversale à la « question socialement vive » qu’est la transition écologique. Cantonnée en 2008 aux problématiques de l’eau et des déchets, elle prend une nouvelle dimension prospective dans les programmes 2015. L’éducation au développement durable (EDD), « impératif » des enseignements géographiques, devient support d’une réflexion des élèves pour « imaginer des alternatives à ce que l’on pense comme un futur inéluctable ». Avec l’étude de l’habitat, de la consommation, du circuit des ressources et des énergies, de la mobilité, la maîtrise des savoirs géographiques participe de l’accès à une éco-citoyenneté dont le SNUipp-FSU a obtenu en 2020 qu’elle constitue un objectif essentiel du programme de cycle 3.

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