Karine, enseignante volontaire
Mis à jour le 02.06.20
3 min de lecture
Portrait de Karine Calmes, volontaire auprès des enfants de soignant·es pendant la crise.
Volontaire auprès des enfants de soignant·es pendant la crise, Karine Calmes puise son enthousiasme dans l’énergie du collectif.
Se porter volontaire pour participer à l’accueil des enfants des personnels soignants est apparu comme une évidence à Karine Calmes, enseignante en Lozère. « Il était indispensable de permettre à ces personnels de pouvoir confier leurs enfants». Elle a ainsi pu tester deux organisations très différentes et témoigne de l’importance de ces dernières. Elle prend aujourd’hui avec distance et humour l’absence, un mois après le début du confinement, de masques, de gel, de registres d’appel et d’un effectif de 19 enfants surveillés par elle seule et une AESH dans une salle exiguë. Mais, sur le moment, elle a écrit à l’IEN pour dénoncer la situation et protéger les volontaires suivantes. Dans l’autre école où elle a assuré l’accueil, elle avoue que malgré toutes les bonnes conditions, sa connaissance des règles sanitaires se limitaient aux campagnes de prévention et que la distanciation sociale restait très difficile, même avec des grands, même avec 4 élèves. « Simplement parce que ce sont des enfants, des êtres sociaux... ». Cette expérience lui permet d’appréhender la mise en œuvre du protocole actuel avec moins d’angoisse. « Mais c’est compliqué de se représenter une école qui ne sera pas ce lieu connu. Ce qui me questionne, c’est plutôt que l’on va enseigner à se méfier des autres, à s’en éloigner. En contradiction avec les valeurs que je porte et que j’enseigne. »
Militante du quotidien
Quand la crise du coronavirus est apparue, Karine a immédiatement répondu à l’appel départemental des couturières et couturiers bénévoles pour, ensemble, confectionner 80 000 masques pour les Lozériens et Lozériennes. « Ce qui me motive, c’est que je suis tellement persuadée que 1+1+1... rend plus fort ! »Cette conviction, Karine la vit dans son métier comme dans ses multiples engagements. Enseignante en MS-GS à Chanac, « gros village» de Lozère, elle apprécie particulièrement la dynamique du travail d’équipe. Le partage de réflexions sur le métier, les échanges d’outils et d’expériences l’incitent à rester depuis 16 ans dans l’école de cette bourgade. Et si Karine est fidèle à l’école, elle change régulièrement de niveaux, « pour éviter la routine». Elle garde, en effet, intact le plaisir d’apprendre, poussée par le collectif qui « permet d’oser se lancer car on se met en danger quand on change de pratiques. »
Elle se souvient aussi de son temps partiel. « C’était un plaisir d’être à deux sur la classe. La richesse des regards professionnels partagés face aux diverses problématiques. »Cette force du collectif se mesure aussi lorsque la communauté éducative se mobilise contre les fermetures de classe régulièrement annoncées. Et Karine avoue que même si elle n’a pas de responsabilité syndicale, «dès qu’il y a une grève et une manif, elle en est ! » Y compris en dehors de l’école où elle multiplie les engagements. Déléguée des parents d’élèves quand ses filles étaient à l’école puis au collège, active dans l’association culturelle de sa commune où elle co-organise des fêtes de la musique, des débats philosophiques, des rencontres sur le patrimoine. Organisatrice à venir de réunions de démocratie participative... De sa vie citoyenne à l’accueil des enfants de soignants, Karine explique que ce qui lui importe est d’essayer d’agir à son échelle.