Là-haut sur la montagne : portrait

Mis à jour le 18.03.20

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Marie Robin fait ses premiers pas de PE à skis avec seize élèves dans la Tarantaise.

Après vingt minutes de routes sinueuses à travers la Tarantaise, le village de La Gurraz (73) apparaît enfin. Un trajet pas très évident qu’accomplit Marie Robin quotidiennement pour accéder à « l’école tout en haut de la montagne » comme elle se plaît à l’appeler. C’est le premier poste de cette jeune citadine qui a toujours vécu en région parisienne. « J’adore la montagne. Petite, je passais mes vacances chez ma grand-mère dans un village près d’ici. Je voulais vivre dans la région alors j’ai passé le concours en Savoie ».
L’école, qui ressemble à un grand chalet sur plusieurs niveaux, accueille seize élèves. Menacée de fermeture pratiquement tous les ans, les deux cents villageois résistent. Leur école, ils y tiennent, c’est un peu le cœur du village, la majorité des parents et grands-parents y ont usé leurs fonds de culotte. « Le jour où je me suis présentée, les parents m’ont directement tutoyée, certains m’ont même fait la bise, c’est déconcertant ». Lorsque Marie apprend sa nomination, elle déménage et s’installe à Villaroger, un village plus bas dans la montagne. Elle fait le trajet en voiture, mais certains de ses collègues dans la vallée, c’est à skis qu’ils se rendent à leur poste. « J’aurais beaucoup aimé pouvoir le faire mais pour arriver à La Gurraz, on est obligés de passer par la route ». Le ski, pour Marie et ses élèves, est une pratique quotidienne. De fond ou alpin, les élèves sont des virtuoses. « Ils sont beaucoup plus à l’aise que moi. Tous les jours, quand la neige le permet, nous faisons une belle balade en skis de fond ». La très grande majorité des parents sont d’ailleurs des saisonniers : moniteurs, pisteurs secouristes ou encore conducteur de chasse-neige... Leur montagne, les élèves y tiennent, l’école est labélisée EDD. « On observe beaucoup la nature. Cette année certains ont remarqué le manque d’enneigement et fait le lien avec le réchauffement climatique. Ils se sentent directement concernés ».

marie Robin

Isolée mais soutenue

Du côté pédagogique, après quelques semaines d’adaptation, Marie trouve son compte dans l’enseignement en classe unique. « C’est vrai qu’il y a énormément de travail, mais j’aime beaucoup le lien qu’on arrive à tisser avec les élèves. On les connait bien, on repère très vite s’ils vont bien ou pas ». Avantage non négligeable, Marie n’est pas seule en classe. Deux ATSEM, Mireille et Nadine, l’accompagnent au quotidien. Il y a aussi une prof d’anglais et une prof d’informatique qui interviennent plusieurs fois par semaine. « La municipalité investit beaucoup, dès que je monte un projet, on me suit. Et puis, il y a quelques années, un vieux monsieur a légué une petite fortune à l’école ».
Du côté Éducation nationale, Marie reconnaît un certain isolement. « La conseillère pédagogique est très sympa et très à l’écoute, mais j’ai peu d’occasions de rencontrer les collègues enseignants de la circonscription et ça me manque ». D’ailleurs, de fait, Marie s’est retrouvée chargée d’école, là encore, l’isolement lui pèse un peu.
Et cet isolement peut aussi devenir géographique, s’il y a un risque d’avalanche. Lorsque la petite barrière située à l’entrée du village est baissée, plus personne ne peut entrer ou sortir, ce qu’a appris à ses dépens une remplaçante qui est restée bloquée dans l’école quatre jours.

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