La solidarité au menu à la Courneuve

Mis à jour le 17.06.20

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La crise sanitaire a mis en lumière l'importance des cantines scolaires

Pendant le confinement, comme dans de nombreuses communes de France, une aide alimentaire exceptionnelle a été distribuée à La Courneuve où 43% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. En France, la demande d’aide a bondi de 47%.

Des difficultés ancrées

Cette réalité sociale est palpable dans ce quartier des 4000 Nord, en réhabilitation depuis cinq ans, où le squelette de la grande barre Robespierre en cours de démolition marque encore le paysage. « 43% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’important pour nous était de garder le contact avec tous nos habitants », déclare Mélanie Davaux, adjointe à l’éducation à la mairie de La Courneuve. Huit distributions de paniers de fruits et légumes ont eu lieu sur simple présentation de justificatif de domicile. « Cela représente plus de 50 tonnes de marchandises et concerne environ 5500 familles », précise-t-elle. Une allocation d’urgence de 100 euros par enfant scolarisé a aussi été mise en place pour les familles les plus modestes. À ce jour, 175 500 euros ont été versés, au bénéfice de 1755 enfants dont 1245 du primaire. « Ouvrir le service de restauration dès le 11 mai était une évidence afin de permettre aux enfants de manger à nouveau de la viande et des produits frais », ajoute Mélanie. « La mairie a fait le choix d’une tarification progressive qui débute à 58 centimes d’euro et engagé une réflexion sur le bio, le local, la qualité de l’encadrement et le gaspillage alimentaire », ajoute l’élue.

Un engagement citoyen

Aider la population des 4000, c’est aussi l’objectif de la Maison pour tous. Sylvie Loua, référente famille précise : « La Maison est un espace pour s’engager pour les autres, pour permettre des projets initiés par et pour les habitants du quartier, un lieu d’information autour de la convivialité ». Sabah Ibsatenne, mère de trois enfants, habitante engagée, parent d’élève élue, membre du projet éducatif territorial de la ville et du comité de voisinage sert de relais avec les familles, informe ou conseille. « Beaucoup ont besoin d’aide alimentaire car de nombreuses personnes ont perdu leur emploi ou ont été au chômage partiel, on n’en parle pas à la télé mais c’est une réalité. Avec la fermeture des marchés, les prix dans les supermarchés ont augmenté et la fermeture de la cantine, ça n’a pas aidé ». L’entraide, la solidarité ne sont pas de vains mots pour Sabah, « dans nos quartiers, il n’y a pas que des voitures brûlées, il y a de la chaleur humaine.»

Discrétion et retenue

« On a des familles très dignes qui ne font pas part de leurs difficultés. On devine, on a des doutes mais aucune ne m’a sollicitée clairement pour une aide », rapporte Yasmine Mahtalla, directrice de l’école Robespierre. Dans cette école de 10 classes, l’équipe enseignante a su garder des liens avec les parents pendant le confinement et exprime sa fierté d’avoir conservé le contact avec la quasi-totalité des élèves. Cette pudeur des parents d’élèves, c’est aussi le constat que fait Antonin Mourey, enseignant à l’école Langevin-Wallon. « Étant enseignant ici et ayant fait les Restos du cœur pendant le confinement, je me suis rendu compte des difficultés de nos parents d’élèves. On y rencontre des familles qu’on n’aurait jamais imaginé aller aux Restos. Parfois, on peut faire beaucoup de reproches aux parents mais quand on les voit à 7h30 le matin venir chercher à manger, on réalise qu’il n’y a pas que le travail de l’école. On prend du recul ». Ce drame invisible, Antonin a choisi de le combattre en s’investissant de manière durable dans les Restos du cœur. Mais « l’école ne peut pas tout, on est déjà assez polyvalent comme ça! », rappelle-t-il. Ici, la cantine scolaire et les dispositifs d’aide sociale permettent à une majorité d’enfants de manger à leur faim, même si la question des inégalités ne s’arrête pas là.

Cantine scolaire

Paradoxe

Ce sont les élèves qui ont le plus besoin de cantine qui la fréquentent le moins, selon le rapport du CNESCO de 2017 sur la restauration scolaire en France. 40% des enfants des familles défavorisées ne mangent pas à la cantine contre 17% des élèves issus de familles de catégories socioprofessionnelles supérieures et seuls 40% des établissements proposent des tarifs directement indexés sur le revenu des parents.

Un droit à la cantine scolaire pour tous les enfants

« Le droit à l’inscription à la cantine des écoles primaires pour tous les enfants est un corollaire au droit à l’éducation et à l’obligation scolaire », écrit Jacques Toubon, le Défenseur des droits, dans son rapport publié en juin 2019. Il fait le constat des difficultés d’accès à la restauration scolaire pour certains enfants et notamment ceux issus des familles pauvres. Une situation qui est alarmante pour nombre d’entre eux, le repas du midi pouvant constituer le seul repas complet et équilibré de la journée. Pour combattre cette fatalité, le rapport préconise une tarification progressive dépendant des revenus des parents, la suppression de toutes formes de discrimination à l’égard des enfants ou de leur famille quel que soit le motif et d’amorcer une réflexion sur l’évolution du statut du service public de restauration scolaire.

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