Les élèves avant tout
Mis à jour le 16.04.22
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...premier objectif des PE
La consultation du SNUipp-FSU a permis d’aller à la rencontre des équipes ensei-gnantes. Malgré les conditions de travail et le manque de reconnaissance qui rendent difficile l’exercice du métier, les PE ont comme premier objectif l’intérêt des élèves.
« Quand je suis dans ma classe, ça va, commence Caroline Scherrer, enseignante en CM1 à l’école élémentaire Nordfeld en Rep+ à Mulhouse (Haut-Rhin). C’est ce qui se passe avant et après la classe qui devient difficile à gérer. Si on était mieux reconnu et mieux payé, ce serait déjà plus motivant ». Cécile Loisel, quant à elle, est souvent peu satisfaite de sa journée. « Dans une journée, je fais 50 % de discipline. Les élèves ont quand même progressé et c’est ce qui m’intéresse. Mais, ils ont un problème de concentration et de maturité. Avec le confinement, certaines tranches d’âge ont été très impactées ».
Pour cette enseignante de CM2 bilingue « 25 élèves, c’est trop. J’arrive à avoir des résultats mais quand je rentre chez moi, je suis épuisée ». Un collègue plus jeune nuance cette impression générale : « Je suis plutôt satisfait d’être enseignant, mais je suis parfois frustré de ne pas consacrer plus de temps individuellement aux élèves ». « Des effectifs trop importants ne prennent pas en compte les niveaux multiples, les élèves allophones, celles et ceux dont l’inclusion ne résout pas tout ou d’autres dont les difficultés ne sont pas reconnues », affirme l’équipe collectivement. Un manque de reconnaissance, un salaire insuffisant et des « empêchements au travail » qui n’entament pas la satisfaction de la relation aux élèves et la motivation à les faire réussir ou à transmettre des savoirs. « Ma satisfaction réside dans leur progrès… et dans mon fan club de Victor Hugo, auteur qu’ils ont découvert et plébiscitent », sourit Cécile. « Les élèves s’émerveillent encore de certaines choses, complète Caroline, comme pendant notre semaine de classe de ville. On leur apporte beaucoup au niveau culturel.» « Passer tant de journées avec eux permet de créer une relation de confiance fantastique et de les amener à s’ouvrir », précise une autre enseignante.
BESOIN DE COLLECTIF
La pandémie a toutefois cassé la dynamique du collectif de travail. « C’est important de se voir pour les programmations et faire du travail en commun », explique Cécile. Échanger et débriefer en équipe, y compris avec le RASED, pour chercher des solutions et ajouter de l’humain… « On a besoin de parler des difficultés de nos élèves car il y a un sentiment de culpabilité quand ça ne marche pas, déplore Caroline. Dans les situations difficiles d’inclusion, tout repose sur les épaules de l’enseignant. Et le gouvernement, et toute la société, en rajoutent ». Même si Caroline constate une hiérarchie plus bienveillante, Cécile regrette : « Il n’y a pas de reconnaissance de la difficulté de la classe ». Toutes et tous sont d’accord sur un point : « On nous infantilise. Des guides, des directives et des injonctions intenables descendent du ministère pour formater le cycle 2, le tout axé sur la performance ».