Mobilisation dans le 93
Mis à jour le 27.03.24
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Julien Netter analyse les problématiques éducatives exacerbées dans ce département.
Julien Netter est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Paris-Est Créteil
Le 93 connaît une forte mobilisation de la communauté éducative, pourquoi ?
La Seine-Saint-Denis cumule les difficultés. Beaucoup d’écoles sont en éducation prioritaire. Le manque d’enseignants amène à recruter de nombreux contractuels pas ou peu formés, qui ont parfois du mal à créer un climat propice aux apprentissages. Sans compter le non remplacement de PE dans de nombreuses classes. Des conditions épuisantes dénoncées depuis longtemps, expliquant lassitude et colère des enseignants qui ont l’impression d’être empêchés de faire leur métier. Le manque criant de personnels tels que Aesh, médecins scolaires, infirmières et infirmiers ou encore assistants sociaux ne permet pas d’accompagner les élèves et leurs familles. Ces problématiques nationales sont exacerbées dans ce département où la population est déjà fragilisée sur les plans social et médical. Les « groupes de niveau » au collège sont la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Quelles seraient les revendications prioritaires ?
C’est l’ensemble des services publics qui doivent être soutenus par des politiques à long terme dans ce département où les municipalités sont aussi en difficulté. Cela passe par une volonté politique. Le financement de l’école privée paraît, par exemple, excessif au regard de la façon dont cette école contribue aux apprentissages des élèves les plus éloignés des attentes de l’école. Une part de ce budget devrait être utilisé pour l’école publique, notamment en Seine-Saint-Denis. C’est d’un plan pluri-annuel dans l’éducation dont le 93 a besoin.
Comment changer la donne ?
Il faut avant tout une amélioration importante des conditions d’exercice : baisser le nombre d’élèves par classe, prévoir des temps de formation adaptés bien plus importants, des moyens face aux difficultés sociales et médicales, en somme des aides plus que des injonctions. Comme ailleurs, une augmentation du salaire est indispensable pour revaloriser le métier dans son ensemble. Tout cela doit permettre d’augmenter l’attractivité de ce département et de recruter plus d’enseignants titulaires soigneusement formés pour faire apprendre tous les élèves.