Motivée !
Mis à jour le 22.05.23
3 min de lecture
Portrait de Célia Gonzalez, PE investie contre la réforme des retraites
Enseignante en maternelle et directrice d’école, Célia Gonzalez s’est fortement investie contre la réforme des retraites.
Six jours de grève et douze manifestations depuis janvier… Célia mène de front le mouvement contre la réforme des retraites, sa classe et la direction de son école en éducation prioritaire à Bordeaux (Gironde). Entrée à l’âge de 27 ans dans le métier, après être un peu restée sur les bancs de la fac et avoir été aide-éducatrice, elle voit mal comment elle pourra continuer le temps nécessaire pour avoir tous ses trimestres. En effet, ce qu’elle aime dans ce métier est aussi ce qui l’inquiète pour la suite. « C’est un métier où il faut tout le temps réfléchir, s’adapter, résoudre des problèmes, improviser, confie-t-elle. Que ce soit en classe avec les élèves ou dans le cadre de ma mission de direction où je ne sais jamais quelle urgence va arriver. J’aime cette conception d’un métier complexe mais il faut une grande disponibilité d’esprit et je crains une certaine usure physique et morale ». Cette enseignante s’est investie dans la mobilisation pour ces raisons mais aussi pour le projet de société qu’il y a derrière. « Ce que j’ai noté dans ce mouvement, c’est le rejet massif de la réforme par la population. Ça nous a aidé aussi lors des discussions avec les parents ». Car si les parents se sont montrés plutôt compréhensifs, cela n’a pas toujours été simple quand les grèves se sont enchaînées et qu’il leur a fallu faire garder les enfants un jour par semaine.
Nombreuses répercussions
Un projet pédagogique autour du cirque devait également être mené par toute l’école lors de ce trimestre-là. Il a donc fallu jongler entre les agendas et se résoudre à annuler deux interventions. L’équipe enseignante de l’école Carle Vermet a décidé de maintenir, malgré tout, le temps de restitution entre les classes juste avant les vacances car c’était important pour les élèves. « Nous avons beaucoup discuté entre collègues de l’impact sur nos élèves qui n’ont que l’école pour apprendre et du fait de faire grève la veille du spectacle ou pas, avoue-t-elle. C’est vrai que priver les enfants de classe se réfléchit mais l’enjeu était trop important ». L’impact sur les salaires va être fort aussi. «600 euros de perte environ. J’espère qu’ils vont étaler les prélèvements », essaie de se rassurer Célia. Si elle n’a pas hésité à suivre tous les appels nationaux à la grève, elle a choisi de ne pas partir en grève reconductible début mars. « Le mouvement allait être long, j’ai préféré privilégier les journées qui avaient le plus d’impact pour pouvoir durer », souligne-t-elle. Car trois mois de mobilisation, c’est fatigant. Quand Célia manifeste, elle y met toute son énergie... Célèbre pour sa connaissance parfaite des chansons entonnées, elle fait partie des militantes qui dansent dans les cortèges pour les animer. « À chaque manif, j’étais reboostée, note-t-elle. Face à l’intransigeance affichée de ce gouvernement, voir autant de monde, autant d’inventivité sur les panneaux, les affiches, ça fait du bien ! Le côté festif a aussi permis à des gens, notamment des jeunes, qui ne manifestaient pas jusqu’à présent d’être là et de revenir les fois d’après. Ces moments me permettent de tenir. »