Numérique à l'école

Mis à jour le 17.04.22

2 min de lecture

Interview de Prisca Fenoglio, chercheuse et médiatrice scientifique

PRISCA FENOGLIO chercheuse et médiatrice scientifique à l’Institut français d’éducation (IFÉ, ENS de Lyon)

FsC 481 numérique Prisca Fenoglio

Quels mythes sur les usages du numérique à l'école ? 

Ils sont nombreux, comme le fait que le numérique favoriserait la motivation et les apprentissages. Mettre une tablette dans les mains des élèves provoquerait en soi leur motivation. Or, elle réside plutôt dans ce qu’on fait de la tablette, simple outil, dans sa mise en œuvre au sein d’un scénario pédagogique aux objectifs clairs et explicites qui n’envisage pas son usage comme une fin en soi. Un autre mythe véhicule l’idée que les élèves seraient issus d’une génération native du numérique qui sait déjà tout. L’inconvénient est qu’il peut désengager les enseignants de l’accompagnement aux usages numériques à visée éducative, au détriment des élèves aux usages extrascolaires moins variés ou moins proches des attendus scolaires.

Quelles conséquences sur les inégalités scolaires ?  

Les inégalités numériques sont sociales et concernent l’accès au matériel, mais aussi les usages, compétences et stratégies d’apprentissage. L’école a un rôle à jouer pour remédier à ces inégalités ancrées dans les contextes socio-culturels. Cette remédiation est d’autant plus complexe qu’on s’appuie sur des mythes simplificateurs. Dans un scénario qui n’expliciterait pas ses buts d’apprentissage, les élèves moins connivents avec les codes scolaires ne se concentrent que sur un accomplissement de la tâche avec l’outil. Alors que les élèves qui ont des usages familiaux plus variés décodent et comprennent que ce n’est pas l’usage en soi de la tablette qui est attendu, mais la réflexion issue de son usage pour approfondir des apprentissages disciplinaires.

Quelles pistes ? 

Des usages recommandés ont été identifiés dans le rapport 2020 du CNESCO, qui distingue des usages à plus-value, comme présenter de l’information, et d’autres plus limités. Ainsi, lire un texte sur support numérique est plus exigeant, comme écouter un document sonore qui suppose une grande autonomie de l’élève, à la charge cognitive alourdie. Mais on ne peut pas se contenter d’un bilan abstrait car les plus-values des outils dépendent de scénarios pédagogiques aux objectifs didactiques précis. Enfin, considérer le numérique comme une culture permet l’acquisition d’une littéracie spécifique, une connaissance procédurale et réflexive des outils qui bénéficie aux élèves, en particulier à ceux qui ne sont pas exposés à ces usages dans leur culture familiale.

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