Quelle direction d'école ?
Mis à jour le 16.11.18
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Reconnaître cette mission spécifique, une urgence
Déboussolés. Nombre de directeurs et directrices ont témoigné ces derniers mois de leur sentiment d’épuisement et de perte de sens dans leur travail, notamment lors des États généraux organisés au printemps dans les départements par le SNUipp-FSU avec une synthèse nationale le 27 septembre. En cause, l’inflation des tâches qui leur incombent. La majeure partie a une classe et bénéficie selon la taille de l’école d’un temps de décharge, entre quatre jours annuels pour une classe unique à un mi-temps à partir de 10 classes en élémentaire, les décharges complètes restant minoritaires. Mais ce temps ne suffit jamais pour tout mener de front. Les missions de direction s’articulent autour de trois axes*. Tout d’abord la coordination pédagogique dont l’animation du conseil des maîtres ou l’élaboration du projet d’école. Ensuite, le fonctionnement de l’école, comme l’admission, la répartition des moyens ou encore la sécurité. Enfin, les relations avec les partenaires de l’école, parents, collectivités, services sociaux... Et derrière ce cadre apparemment très clair fourmille une multitude de gestes quotidiens, de la gestion d’une absence tôt le matin, à la réunion le soir en mairie, en passant par les équipes éducatives ou encore l’alerte intrusion à organiser, les mails, le téléphone. « Sur une journée de direction, mon temps maximum de travail sans être interrompue ne dépasse pas 15 minutes », a calculé Pascale, directrice dans le Nord.
Traiter les urgences
D’où un sentiment de course après le temps : « On ne fait que traiter les urgences », déplore Céline dans l’Oise et « l’administratif prend le pas sur le reste », souligne Frédéric Grimaud, PE-chercheur, animateur d’un chantier travail dans les Bouches-du-Rhône. "Les personnels ne se reconnaissent plus dans ce qu’ils font. Ils ont pris une direction pour impulser des projets et ils se retrouvent à remplir des tableaux ", souligne-t-il. Le travail de direction empiète bien souvent sur la classe ou le temps personnel, d’autant que les personnels en contrats aidés qui subsistaient pour aider les écoles ont perdu leur emploi en 2018. « Ils ont été mis dehors du jour au lendemain », déplore Étienne, dans les Côtes d’Armor. Enfin, les indemnités de direction, revalorisées suite aux mobilisations syndicales restent modestes.
La question du statut
Surfant sur le mal-être actuel, le gouvernement avance son idée d’un rapprochement avec le secondaire : création d’établissements primaires par fusion des écoles maternelles et élémentaires, comme le préconise le rapport parlementaire publié le 1er août et création d’un statut hiérarchique du directeur, recruté sur un concours spécifique. Rémi, directeur à Argenteuil, fait partie de ceux qui s’interrogent « Est-ce qu’un statut permettrait de mieux reconnaître le travail de direction, d’avoir plus d’autorité ? ». Très vite il précise : « Je ne veux pas devenir un petit chef mais rester un professeur des écoles directeur ». Pour le SNUipp-FSU, les projets qui se dessinent ne résoudraient en rien les difficultés actuelles. La transformation des écoles en établissements dirigés par un chef ne ferait que couper les directeurs du reste de l’équipe et des élèves. Il faut des moyens à la hauteur des besoins, une véritable aide au fonctionnement de l’école via des emplois statutaires, davantage de temps de décharge et de meilleures indemnités. Surtout, comme le rappelle Frédéric Grimaud, « il faut construire collectivement des normes professionnelles, ce que c’est qu’être directeur ou directrice d’école. »
* Référentiel métier des directeurs d’école paru au BO spécial n° 7 du 11 décembre.
