Salaires en baisse continue
Mis à jour le 24.11.22
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Itv de Bernard Schwengler agrégé en sciences sociales
Bernard Schwengler est enseignant agrégé en sciences sociales et docteur en sciences politiques
Pourquoi une baisse des salaires des PE ?
La baisse des salaires depuis 20 ans concerne l’ensemble des PE. Si l’on excepte la première année de titularisation, où la prime d’entrée dans le métier de 1 500 euros, instaurée en 2008, permet une augmentation de 2%, la baisse est entre 12 et 14% pour tous les autres PE. Cela s’explique par l’inflation et l’absence d’indexation de la valeur du point d’indice sur celle-ci. De 2000 à 2010, le point d’indice a été moins revalorisé que l’inflation. Puis il a été gelé de 2010 à 2021 à l’exception des années 2016 et 2017. L’inflation était moins forte que cette année mais, elle a entraîné une baisse de salaire réel pour tous les PE. À cela s’ajoute la hausse des retenues sociales. Les taux de cotisations retraite pour les fonctionnaires sont, en effet, passés de 7,85% du traitement
indiciaire brut en 2010 à 11,1% en 2020. Ces deux effets cumulés entraînent une baisse des salaires pour l’ensemble.
Ce phénomène est-il le même pour tous les fonctionnaires ?
Oui, mais les autres fonctionnaires ont pendant cette période été concernés par des rémunérations annexes, ce qui a permis une certaine compensation de la perte de la valeur du point d’indice. Ces rémunérations peuvent représenter 30 à 40% du traitement indiciaire brut quand elles sont de l’ordre de 10% pour les PE. Depuis 2021, une prime d’attractivité, créée pour les PE, est distribuée de
manière dégressive, passant de 2 200 euros brut par an au 2e échelon à 400 euros brut par an au 9e. En 2022, 58% des enseignants sont concernés par cette prime. Cela contribue à un aplatissement des carrières avec une redistribution des salaires des plus anciens vers les plus jeunes.
Les annonces gouvernementales vont-elles permettre une revalorisation ?
L’inflation en 2022 va être au minimum de 6%. Il faudrait donc une enveloppe d’au moins 2,4 milliards d’euros pour la compenser et une enveloppe encore plus élevée pour permettre une revalorisation de l’ensemble des carrières. A l’heure actuelle sont prévus 935 millions pour 2023. Comme la prime d’attractivité, cela permettra d’augmenter les salaires de la première partie de carrière, qui en ont évidemment besoin, mais pas l’ensemble de la profession.