Une soif de culture et de partages
Mis à jour le 11.09.21
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Jérémy Rousset impulse une dynamique artistique collective dans son école à Saint-Etienne
Jérémy Rousset, directeur de la maternelle des Frères Chappe à Saint-Etienne (42) impulse une dynamique artistique collective.
L’ambition de l’école est d’outiller tous les enfants, d’en faire des citoyens, affirme Jérémy Rousset, directeur de l’école maternelle des frères Chappe située en éducation prioritaire. Cela passe par l’ouverture de l’école sur le monde mais aussi par la place faite à la culture de chaque enfant ». Pour cet enseignant, l’accès à la culture et « notamment pour les gamins qui n’ont pas la chance d’être né avec Claude Ponti dans la bouche » est essentiel. Titularisé en 2007, il est remplaçant puis directeur d’école dans un quartier défavorisé de Saint-Etienne avant de partir à Sydney en Australie enseigner en moyenne section. De retour, il arrive à l’école maternelle Chappe en 2013 où il devient directeur. « La réputation du groupe scolaire m’a attiré, deux grosses écoles avec des gens très différents qui travaillent ensemble, je n’ai eu qu’à continuer de dérouler la pelote », précise-t-il. Le street-art sert de prétexte pour donner du sens aux apprentissages dans cette école qui accueille 20 nationalités différentes et des classes sociales très hétérogènes. « L’art visuel dégoupille tous les sentiments d’incompétence, explique le directeur. Les enfants s’autorisent à dire et des débats riches se tiennent ». Depuis 2015, 44 artistes ont réalisé plus de 100 œuvres habillant gymnase, bibliothèque, couloirs, classes, cours, sol, murs, toilettes, dortoirs ou cantine. De beaux noms ont répondu à l’appel tel que Rero, Tania Mouraud, Jef Aerosol, David Walker, Kouka, Pantonio… En moyenne, 10 à 15 artistes par an rencontrent les élèves. « Multiplier les intervenants est un choix de l’équipe, cela permet aux élèves de faire du lien, de comparer des techniques, des messages et des façons de penser » détaille Jérémy.
Une belle synergie
Chaque début d’année, ce directeur de maternelle fait passer, dans les 7 classes maternelles et les 17 de l’élémentaire, un petit catalogue d’artistes dans lequel les PE peuvent piocher. « Être nombreux rend les choses faciles car cela multiplie les sensibilités, rapporte Jérémy. En n’imposant rien mais en proposant, il y a de la place pour tout le monde et
différentes façons d’appréhender ». Même si ces projets sont très chronophages et s’ajoutent à la charge administrative de la direction d’école. Avec seulement 1/4 de décharge de direction, c’est grâce à l’aide de toute l’équipe qu’il peut consacrer du temps aux différents projets. Son bureau ressemble à une ruche. « Je ne me sens jamais seul, il n’y a pas de problème qui concerne uniquement une classe ou le directeur mais des problèmes d’école, explique-t-il. En termes de charge mentale, cela fait vraiment la différence ». Le partage des tâches se fait aussi sur la gestion des commandes, des photos de classe, de la comptabilité... De plus, Cécile et Odile, les deux PE qui le complètent, l’aident beaucoup sur la préparation de la classe. Pour lui, le collectif de travail permet « une synergie folle, tout le monde y gagne ». Si l’administration le définit comme directeur d’école, il se voit plutôt comme un animateur ou coordonnateur pédagogique impulsant des projets au service de tous les élèves.