Évaluations : les écarts s’aggravent, le ministre persiste

Mis à jour le 14.01.21

min de lecture

Alors que les urgences sont ailleurs et qu'en plus les écarts de résultats des élèves se creusent, le ministre persiste dans sa politique éducative en organisant à nouveau les évaluations standardisées de mi-CP du 18 au 29 janvier 2021.

La note de la DEPP de novembre 2020 est sans appel : depuis deux rentrées consécutives les écarts de résultats se creusent entre les élèves d’Education prioritaire et les autres, particulièrement en REP+.

Sous influence des pressions pédagogiques du ministre et d’une vision réductrice des apprentissages, deux constats s’imposent au vu des résultats de début de CE1 :

  • Les écarts entre REP+ et hors éducation prioritaire ont doublé pour l’écriture de syllabes et de mots, pour la lecture de mots et de textes, ainsi que pour la lecture et l’écriture des nombres entiers.
  • La compréhension en lecture, et la résolution de problèmes restent les items les plus discriminants entre les élèves selon leurs secteurs de scolarisation.

Bien sûr le confinement joue sur ces résultats, mais les deux bilans successifs de novembre 2019 et novembre 2020 imposent de considérer que la politique éducative conduite est un facteur majeur d’aggravation des inégalités.

Le resserrement sur les « fondamentaux », dont la vision elle-même est réductrice et son pilotage par des guides et des tests s’avèrent totalement contre-productifs.

Et, comme alertait le chercheur Roland Goigoux dès le mois de mai 2019 : « ce qui n’est pas évalué perd sa valeur, les maîtres sont incités à enseigner l’évaluable ».

De plus, elles constitutent un outil de contrôle du travail enseignant. L’exemple de la Creuse est édifiant. En cette période où toute l’école souffre, une mission de l’Inspection générale a été dépêchée dans ce département début janvier. Pour aider les enseignant·es du 1er degré à faire face à la situation, et entendre leurs besoins ? Pas du tout, les priorités ministérielles sont résolument ailleurs : cette mission doit déterminer pourquoi les enseignant·es de Creuse sont moins nombreux qu’ailleurs à faire remonter les résultats des évaluations nationales standardisées de CP et de CE1.

Voilà en plus, qu'elles servent maintenant de prétexte pour proposer des remaniements des programmes de l'école maternelle, bousculant ses missions et la singularité de ses apprentissages premiers.

Qu’adviendra-t-il si les programmes de maternelle sont  réécrits pour « préparer » les élèves aux évaluations CP ?

En plus des moyens qui manquent tant à l’école, il serait au contraite indispensable de soutenir la professionnalité des enseignant·es et de reconnaître leur légitimité à construire leur pédagogie. Même si le ministre pousse au resserrement sur les « fondamentaux », ce sont les programmes nationaux dans leur ensemble qui ont force de loi. Même si de fortes pressions existent sur les choix de manuels et de méthode, au point que le ministère envisage de publier un « manuel officiel », la liberté pédagogique est toujours inscrite dans la loi.
C'est aussi de cela qu'il sera question le 26 janvier prochain, jour de grève et de manifestation dans les écoles.