Fonctionnement de l’école, prendre la bonne direction

Mis à jour le 01.10.21

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Au travers des annonces du Président de la République à Marseille et de la proposition de loi Rilhac sur la direction d’école, le SNUipp-FSU décrypte dans un « 4 pages » spécial cette école dite « du futur ». Et met en avant un tout autre projet.

C’est en prenant prétexte d’une situation catastrophique que le Président en campagne a fait, à Marseille, des annonces alarmantes. Et la proposition de loi Rilhac sur la direction d’école en rajoute. Ce sont l’École et son fonctionnement qui risquent d’être bouleversées.

Plutôt que répondre à la dramatique situation des quartiers populaires de cette ville, et de l’état de délabrement du bâti scolaire, il a ainsi déroulé une vision d’une École contractualisée avec un pilotage par les objectifs, d’un recrutement sous l’autorité d’une direction d’école, de fait sous statut… Ne répondant pas aux préoccupations du terrain, il a ainsi posé les jalons de sa vision libérale de l’école primaire.

Direction : vers une hiérarchie dans l’école

L’ annonce d’un recrutement des PE par la directrice ou le directeur a fait l’effet d’une onde de choc au sein de la profession. Et pour cause : c’est une avancée supplémentaire dans une dérégulation du service public d’éducation qui progresse encore après la multiplication des postes à profil.

Au même moment, le débat parlementaire sur la loi Rilhac a lieu. La création d’une autorité fonctionnelle n’est qu’une étape vers la création d’un statut spécifique. La direction d’école aurait un avis prépondérant dans les conseils des maîtres, pourrait émettre un avis lors des rendez-vous de carrière des adjoint·es, participerait à l’attribution des primes... Loin d’être seulement fonctionnelle, c’est en fait une véritable hiérarchie qui risque de s’installer dans l’école. À l’inverse il faudrait « retrouver du collectif dans un métier qui se fait terriblement seul face à une administration enfermée dans ses logiques managériales dont on connait les effets dévastateurs sur la qualité du travail et donc sur la santé de ceux qui le font » comme l’écrit le chercheur Frédéric Grimaud.

Vers une école contractualisée

Mais le statut de la direction d’école n’est pas le seul danger qui émerge des annonces récentes. S’y ajoute en effet une vision de l’école pilotée par la contractualisation, comme l’expérimentation à Marseille dans 50 écoles. L’allocation des moyens sera soumise à des décisions locales et conditionnée à certains fonctionnements, à certains projets. Dans la droite ligne des cité-éducatives et des Contrats Locaux d’Accompagnement (CLA) c’est un détricotage des règles collectives qui régissent le fonctionnement des écoles et de la répartition équitable des moyens selon des critères objectifs. Pourtant, « L’Education Nationale est un service public national qui doit retrouver l’ambition de la démocratisation de l’école, de la réussite de tous les élèves et les moyens doivent répondre aux besoins, partout. »

Caporaliser la profession

Les changements structurels en cours n’ont pas comme seule incidence la destruction des collectifs enseignants. Ils ont pour objectif aussi d’assujettir les pratiques enseignantes. La politique éducative de Blanquer se caractérise en effet par un contrôle des pratiques enseignantes : évaluations nationales standardisées, formations limitées aux « fondamentaux » ministériels, guides empêchant les PE d’agir en concepteurs ou conceptrices…

Un recrutement localisé, l’avis d’une directrice ou d’un directeur lors du rendez-vous de carrière sont autant d’éléments qui renforcent cet état de fait. Et ce n’est pas un hasard mais une volonté politique car le Ministre voit les enseignantes et enseignants comme des technicien·nes censé·es suivre les « bonnes méthodes ».

Un autre modèle est possible car « c’est dans un collectif protégé de toute incidence liée au regard hiérarchique, entre pairs, que l’on trouve les ressources pour penser ses pratiques, résoudre ensemble les problèmes concrets rencontrés en classe ou à l’école, rendre agissant des métiers qui sont avant tout des métiers de conception. ». Cela nécessite « des moyens supplémentaires : effectifs réduits dans toutes les classes, des RASED reconstitués au plus près des écoles, une formation répondant aux demandes du terrain, un temps de travail devant élèves réduit pour permettre des temps collectifs de concertation et d’élaboration, des PDMQDC, des équipes pluriprofessionnelles renforcées dans les écoles, des allers retours nécessaires avec la recherche en éducation ».  Quant au fonctionnement de l’école, il a besoin de « directrices et directeurs dont les tâches sont allégées et recentrées sur l’animation et la coordination de l’équipe pédagogique, d’aide administrative et de temps de décharge suffisant. »