J.L Bianco: "Laïcité, ne pas durcir la loi."

Mis à jour le 11.04.18

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Reconduit à la présidence de l'Observatoire de la laïcité, l'ancien ministre Jean-Louis Bianco explique que les tensions de la société sur la laïcité trouvent des réponses dans la loi actuelle, quand on la connaît bien et qu'on la respecte.

Vous venez d'être reconduit à la présidence de l'Observatoire de la laïcité, quels sont les grands chantiers en cours? 

Nous poursuivons nos missions d’observation, d’information et de formation auprès des élus, des agents publics, des associations, des médias ou des particuliers pour rappeler le droit, inlassablement et prévenir autant faire que se peut les contentieux. Dans l’Éducation nationale, il faut reprendre la formation continue des enseignants et renforcer la formation initiale. Nous avons ainsi demandé au ministère de mettre au point un module commun à toutes les Espé et une évaluation sur les dispositifs mis en place notamment pour l’enseignement moral et civique (EMC).

Quelle laïcité aujourd'hui dans un climat tendu sur le plan religieux ?

Il n’y a pas à durcir la loi mais à la connaître et à l’appliquer, avec sérénité et fermeté. Tout le monde doit respecter la laïcité, croyants ou non. Nous avons un outil formidable, produit de notre histoire qui repose sur des principes très clairs : la liberté de croire de ne pas croire, de changer de religion ou de ne plus en avoir, la neutralité du service public. Dans tous les cas, les conflits sur le terrain trouvent des solutions offertes par la loi et le bon sens. Par exemple dans les cantines scolaires, si les collectivités peuvent servir le type de repas qu’elles veulent, la solution qui rassemble le plus est celle de l’offre de choix entre repas avec viande et sans viande.

Comment conjuguer laïcité et dialogue avec les familles religieuses à l’école?

Parfois les enseignants se heurtent à des contestations, certaines de bonne foi et d’autres plus offensives qui dénotent d’une politisation de l’école par la religion, ce qui est inacceptable. L’école publique est là pour enseigner l’état actuel des connaissances scientifiques et fournir les outils pour que chacun forme son propre jugement. La croyance, elle, reste une affaire personnelle. C’est simple sur le principe, plus difficile dans la pratique. Il est donc important de se réunir en équipe, de connaître les textes, d’avoir discuté à l’avance pour avoir les idées nettes en cas de difficulté. Par exemple il est hors de question que des parents refusent la visite d’une exposition ou la mixité dans les gymnases et piscines, c’est bien évidemment contraire au principe d’égalité.