Les colos : on voudrait que ça r'commence

Mis à jour le 15.09.16

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Avec des coûts de séjours en hausse, les colos ne remplissent plus leur rôle de mixité sociale originelle et sont menacées de disparition.

Dans une étude publiée au mois de mai dernier intitulée « Des séparations aux rencontres en camps et colos », une équipe du CNRS, pronostique la fin des jolies colonies de vacances d'ici à 2030. Les chercheurs s'appuient sur la courbe de désaffection des séjours de vacances avec 200 000 enfants de moins dans les colos sur les dix dernières années. Si l'on dénombre, selon les chiffres du ministère de la jeunesse et des sports, 1,3 millions de départs dans les 42 500 séjours organisés en 2015, on estime également que près de 3 millions d'enfants n'ont jamais passé une seule nuit en dehors de leur cellule familiale.

Les raisons du désamour

Une fréquentation en baisse dont l'origine est à chercher en premier lieu du côté de la hausse du coût des séjours. Et ce sont d'abord les familles de classe moyenne – ouvriers ou petits fonctionnaires gagnant de 1 500 à 2 000 euros par mois – qui sont touchées. « Les enfants qui partent en colo sont ceux dont les parents bénéficient d'aides et payent peu et ceux des familles à hauts revenus. Un enseignant élevant seul ses deux enfants est bien au-dessus des barèmes des aides sociales, mais ne peut assumer le coût d'une colo. Il va privilégier le départ en famille », explique Anne Carayon, directrice générale de La Jeunesse au plein air (JPA). C'est aussi du côté d'une certaine défiance parentale, selon un sondage IFOP commandé au mois de mai dernier par la JPA, qu'il faut chercher les raisons d'un désamour. Ce sont près de 57% des personnes interrogées qui évoquent ce frein au départ.

Mixité sociale en berne

Conçues à l'origine comme un espace de rencontre entre les enfants des milieux urbains et ruraux, les colos ne sont plus un lieu de mixité sociale selon Yves Raibaud. Spécialiste des discriminations et des loisirs des jeunes, il pointe du doigt une spécialisation thématique des séjours. Aujourd'hui, développe-t-il, les séjours se « dualisent ». D'un côté on observe des séjours sportifs et culturels à budget élevé qui attirent une clientèle aisée et de l'autre, des municipalités qui organisent des séjours courts, ciblant les garçons, avec un but clairement affiché de lutte contre la délinquance… Certains verraient pourtant dans cette reconquête de séjours mixtes, un moyen de reconstruire du vivre ensemble et du commun dans une société qui en manque terriblement.

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