PIRLS : les propositions du ministre à côté des enjeux
Mis à jour le 06.12.17
3 min de lecture
Très mauvaise note en lecture infligée à l’école française par la dernière livraison de l’évaluation internationale Pirls. Face à ce choc, les quelques réponses apportées par le ministre sont bien loin de répondre aux vrais enjeux.
Les résultats de l’étude Pirls viennent de tomber et ils ne sont pas flatteurs pour l’école française. Tous les cinq ans, ce baromètre mesure dans cinquante pays les performances en lecture à la fin de la quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 pour la France). Avec un total de 511 points, contre 520 en 2011, les élèves français sont désormais nettement distancés par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne (540). La France affiche une baisse de 14 points depuis 2001, pendant que le score moyen des 24 pays européens de Pirls progresse de 6 points. Les politiques menées pendant la période concernée, caractérisées par les suppressions de postes et la disparition de la formation initiale sont en cause.
Un ministre hors-sujet
Directement concerné, notamment par la conception des programmes de 2008, Jean-Michel Blanquer s’est empressé de se porter au chevet du malade, ressassant un diagnostic éculé et sortant de sa mallette une poignée de remèdes bon marché.
Un conseil scientifique dirigé par un cognitiviste pour indiquer la bonne voie pédagogique et faire le tri entre bons et mauvais manuels, une dictée quotidienne et la lecture à haute voix pour rassurer les nostalgiques d’un âge d’or de l’école fantasmé, neuf heures (!) de formation en lecture pour remettre dans le droit fil des enseignants forcément défaillants et pour les élèves en difficulté, quelques stages en été et une heure de soutien pour quelques-uns dans le cadre des APC.
Pour le SNUipp-FSU, la réponse ministérielle est loin d’être à la hauteur de ce nouveau choc pour l’école française. Pire le ministre nie la professionnalité et l'expertise des enseignants et assimile la liberté pédagogique à l'anarchie : c'est inacceptable. L’étude Pirls, qui souligne la difficulté des élèves français dans la compréhension fine des textes, invite à dépasser les querelles de méthodes et les visions simplistes pour mieux outiller les enseignants sur la question, notamment en développant leur formation continue et en croisant leur expertise avec l’ensemble de la recherche.
Le SNUipp a quelques idées
C’est le sens de l’appel signé par plus de 60 chercheurs et lancé par le SNUipp lors de son Université d’automne. Pour sortir d’une spirale négative réactivée à chaque nouveau rapport ou évaluation internationale, le syndicat a quelques idées à souffler d’un ministre complètement hors-sujet. En procédant à un investissement éducatif à hauteur des pays comparables qui réussissent mieux que nous, on pourrait alléger partout les effectifs de classe, développer les dispositifs d’aide aux élèves en difficulté, remettre en place une formation continue exsangue, donner une vraie reconnaissance aux enseignantes et enseignants qui agissent au quotidien pour faire réussir leurs élèves...
Paris le 6 décembre 2017