Présentation du dossier

Mis à jour le 16.07.17

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Un récent rapport du Cnesco interroge sur l'efficacité des politiques d'éducation prioritaire dans une école où persistent les inégalités. Depuis deux ans, la réforme de l'EP se met en place avec le « maître plus », la scolarisation des moins de 3 ans et la pondération, dispositifs demandés par le SNUipp-FSU. Mais les moyens prévus ne sont pas tout à fait au rendez-vous.

« Le désastre scolaire », « Inégalités à l'école de la République, stop ou encore ? »... Rendu public le 27 septembre dernier, le rapport du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), « Comment l'école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires?», aura suscité un véritable emballement médiatique. Les médias en ont conclu que l'éducation prioritaire serait en échec. Le texte, lui, préconise des mesures volontaristes pour réduire les inégalités scolaires. (lire ici).

Il est vrai que l'école est loin de tenir toutes ses promesses. Selon PISA, la France est la championne des inégalités scolaires. L'écart entre les « bons » élèves et les « faibles » qui sont aussi ceux qui souffrent le plus des inégalités sociales, n'a jamais été aussi grand. Les évaluations nationales montrent que trop d'élèves arrivent en 6e sans maîtriser les savoirs fondamentaux et que leurs difficultés s'aggravent au collège. Environ 130 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification. Mais pour autant, faut-il se laisser aller au pessimisme ambiant ?

En fait, il n'y a pas vraiment de scoop dans le rapport du Cnesco. Ses conclusions étaient présentes dans des études déjà connues de longue date : une école inégalitaire, un empilement de réformes jamais évaluées, un pilotage peu cohérent, un investissement insuffisant dans le domaine de la formation initiale et continue, dans l'aide et l'accompagnement des enseignants, une incapacité à lutter contre les inégalités sociales ou encore une ségrégation scolaire marquée. Les effectifs par classe sont pointés. Ils ne cessent d'augmenter, l'écart avec les écoles ordinaires s'étant considérablement réduit. Pour la sociologue Nathalie Mons qui préside le Cnesco, le rapport insiste surtout « sur le fait que les ressources de l'éducation prioritaire doivent continuer à irriguer les contextes scolaires difficiles mais qu'à l'avenir, d'autres politiques doivent être développées en parallèle, comme la déségrégation des établissements les plus difficiles » (lire ici).

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Investir le temps de pondération

Dans les REP et REP+, la réforme se met en œuvre. Le plus de maîtres que de classes, la scolarisation des moins de trois ans, l'allègement du temps de service devant élèves, des dispositifs que le SNUipp-FSU réclamait depuis longtemps. Mais après deux années d'application de la réforme, les failles du système se font jour, l'efficacité n'est pas toujours au rendez-vous et pour les moyens prévus par la loi le compte n'y est pas. « On a compris qu'il ne suffit pas de mettre un maître en plus pour qu'il se passe des choses. Ce n'est pas le ‘maître plus' tout seul qui est le moteur mais la mobilisation collective qui va rendre le travail des réseaux plus efficace », estime Patrick Picard, directeur du centre Alain Savary à l'Ifé (lire ici).

Quand de telles conditions sont réunies, ça peut marcher en effet. L'école Jules Ferry à Blois dans le Loir-et-Cher en témoigne, comme elle témoigne du fait que les situations peuvent être très disparates d'un territoire à l'autre. Dans cette école en REP+, l'équipe a su investir le temps de pondération et la présence du maître surnuméraire pour élaborer un travail collectif, dynamiser ses enseignements. Les enseignants en parlent avec enthousiasme. « Le maître + c'est la vraie bonne idée du système car cela permet de travailler de toutes les manières possibles, de stimuler les enfants. Après deux ans on constate que le climat de travail est apaisé et que l'enfant devient plus élève », constate un enseignant de l'école (lire ici).

La question de la mixité sociale #

Pondération, moins de trois ans, plus de maîtres, l'enquête menée par le syndicat auprès d'enseignants en REP+ montre que quand ils ont la main sur ces outils, ils en sont globalement satisfaits (lire ici). Mais les écoles classées en éducation prioritaire ne concentrent pas toute la difficulté scolaire, alors pourquoi ne pas généraliser le système, en commençant par les écoles hors REP, confrontées elles aussi à la difficulté ? C'est aussi ce que demande le syndicat.

La refondation de l'éducation prioritaire peut-elle suffire à relancer la machine ? Si l'école a du mal à lutter contre les déterminismes, il faut aussi constater que dans les quartiers dits sensibles, souvent ghettoïsés, son environnement ne l'y aide pas. « Il faut agir simultanément sur la question pédagogique et sur celle de la mixité sociale », explique la sociologue Agnès Van Zanten en soulignant que la mixité « n'est pas une fin en soi » et qu'il « faut ensuite donner les moyens aux enseignants d'être capables de gérer l'hétérogénéité des élèves » (lire ici).

L'école ne peut pas tout toute seule #

L'expérience de la mixité, c'est ce que cherche l'école maternelle Jules Ferry à Montpellier. La mobilisation des habitants du Petit Bard et des partenaires de l'école a conduit à une accélération de la rénovation urbaine de ce quartier « Politique de la ville ». La mixité qui se fait jour est aussi le fruit d'un début de reconquête de la confiance des familles qui arrivent dans le secteur, celles qui pourraient user de stratégies de contournement de la carte scolaire. « On leur fait visiter l'école, rencontrer les enseignants, passer une journée en classe. Ils mettent leurs enfants chez nous en toute connaissance de cause », explique Myriam Bouchet, la directrice. Mais, fait-elle remarquer, « tout cela reste fragile. Il faudrait maintenant accélérer sur tout ce qui touche à la rénovation urbaine, au désenclavement et à la politique de l'emploi » (lire ici). Et en effet, l'école peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout, pas toute seule.

Un an d’allègement : premier bilan
En 2015-2016, la refondation de l’éducation prioritaire se concrétisait dans les REP+ avec la mise en place de dispositions visant à alléger le temps de service des enseignants devant leurs élèves. 18 demi-journées à consacrer au travail en équipe, à la concertation, aux relations avec les parents, à la formation… Le SNUipp-FSU avait poussé pour l’obtention de cette mesure qui préfigure la déconnexion du temps de travail des enseignants du temps de classe des élèves qu’il réclame pour l’ensemble des écoles. Afin d’évaluer ses bénéfices, le syndicat a mené une enquête en fin d’année auprès de près de 1 500 enseignants exerçant dans les 68 départements qui comptent des REP+. Pour plus de 60 % d’entre eux, le temps d’allègement a été vécu de façon satisfaisante, surtout lorsqu’il a pu être organisé pendant le temps de classe libéré. En terme de contenu, les enseignants ont pointé les apports quant à la répartition des enseignements, l’amélioration du climat scolaire, des relations avec les parents… L’évaluation sur la formation est en revanche plus critique avec notamment le reproche d’une trop grand pilotage par la hiérarchie aux dépens des attentes des personnels.

Le dossier est consultable ici.


L'ensemble du dossier #

Présentation du dossier
Rapport – Les recommandations du Cnesco
« Passer de la remédiation à la prévention » - 3 questions à Nathalie Mons, présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco)
Blois (41) – Evaluation des dispositifs : encore trop tôt…
L'école oui, mais pas que…
« Il faut agir simultanément sut la question pédagogique et sur celle de la mixité sociale » - Entretien avec Agnès van Zanten, directrice de recherche au CNRS

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