Apprendre à lire le monde
Mis à jour le 25.11.21
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L’enseignement de la géographie a longtemps été marqué par une tradition descriptive
L’enseignement de la géographie a longtemps été marqué par une tradition descriptive, coupée des travaux universitaires qui renouvelaient la discipline.
Pendant longtemps, c’est une géographie « naturalisée », descriptive, sans la moindre problématisation qui s’est imposée. Elle marque encore de son empreinte l’enseignement de la géographie scolaire. Autour de cette conception originelle, divers objectifs lui ont été assignés dans le passé comme participer à la restauration de la France après la défaite de 1870, en instaurant dans les classes l’évidence des « frontières naturelles » de l’hexagone. Il faut attendre la fin des année 1980 pour que les textes officiels mettent en avant un enseignement problématisé de la géographie. Les programmes de 2002 actaient une avancée significative vers une géographie scolaire renouvelée. L’année 2008 représente un recul en remettant en avant des données relevant de la géographie physique (reliefs, climats, cours d’eau) et en provoquant ainsi un risque de retour d’un savoir mort à mémoriser. Or, plus qu’une science de la nature, la géographie est une science de la société, une « science diagonale », une didactique du monde, qui convoque plusieurs disciplines. Elle permet d’explorer le rapport complexe que l’humanité entretient avec son environnement physique. À l’heure de l’anthropocène, elle pourrait notamment être un vecteur important qui participe d’une conscientisation des élèves, construisant un rapport à la complexité du monde et aux conséquences des activités humaines. Dans les programmes de 2015, les propositions articulées autour des thèmes « habiter », « consommer », « se déplacer » permettent d’engager une telle démarche de problématisation du rapport à l’espace et au monde.