Boss des maths
Mis à jour le 03.09.18
3 min de lecture
En Bretagne et ailleurs, Arithmétique et compréhension à l'école permet un collectif de travail
« Est-ce que tu as exploré la ligne pour trouver la différence entre 853 et 22 ? » La question peut surprendre mais tous les CP-CE1 de l’école publique de Plélo (22) ont compris, « Oui en avançant », répond Élina (22+8 = 30, puis 30 + 70 = 100…) Train des cubes, journal du nombre, jeu des annonces, ce vocabulaire n’a plus de secret pour la classe dont la maîtresse, Sophie Poilpot, met en application la progression ACE (Arithmétique et compréhension à l’école). Élaborée par un collectif de professeurs des écoles et de chercheurs de Lille, Aix-Marseille, Rennes et Versailles, ce système d’enseignement s’articule en quatre domaines : estimation, résolutions de problèmes, calcul mental et situations. Avec comme maître-mot la continuité « du savoir et continuité de l’expérience mathématique des élèves qui doivent saisir en acte une cohérence dans l’enseignement ». C’est justement ce qui a poussé Sophie en 2011 à « se lancer dans l’aventure » : relier toutes les activités maths entre elles, en accroître le sens et en conséquence progresser. Elle ne s’attendait pas à se retrouver dans un groupe de travail « avec une telle émulation, nous avons une chance inouïe », répète-t-elle, « Ce n’est pas les chercheurs d’un côté, les classes de l’autre, nous travaillons vraiment ensemble », en « ingénierie coopérative » selon le terme d’usage.
« On n’est plus seuls »
Ici, exceptionnellement, des formations sont proposées dans le cadre du plan académique et un colloque de deux jours fin juin a permis de faire le point. « Depuis, des groupes de travail enseignants/chercheurs se sont mis en place pour rédiger des fiches synthétiques qui explicitent la démarche », précise Sophie. Car pour les PE qui souhaitent commencer, ce n’est pas forcément évident : « Le journal du nombre est une bonne entrée », explique-t-elle aux novices, c’est-à-dire un cahier dans lequel les élèves « écrivent des maths » : ils se donnent un nombre et cherchent toutes les décompositions possibles. Il y a aussi la « fabrique des nombres », un rituel chaque matin durant lequel par deux ou trois les élèves représentent un nombre de toutes les façons possibles, en cubes, en écritures maths. « Quand ça coince, ce n’est pas seulement dans une classe alors on échange. On n’est plus seuls », précise Sophie. Par mail ou lors de réunions, les enseignants font évoluer la démarche et se sentent donc « pleinement acteurs », pas suivant aveuglément une méthode. Ainsi la progression en calcul mental a été modifiée : « Cela allait un peu vite ». Les CP avaient aussi du mal à s’approprier la ligne des nombres. Y a donc été ajoutée la représentation par cubes. Sophie, elle, a fait le choix de rattacher davantage les situations problèmes « aux situations vécues par les élèves ». Courses au marché, comparaison d’âges avec la famille sont autant d’occasions de calculs, de créations d’énoncés. Au final, elle n’a donc rien laissé de côté et c’est en GS-CE1 qu’elle va poursuivre à la rentrée, près de Saint-Brieuc. Un nouveau défi : appliquer la démarche aux GS et accompagner sa future collègue de CP, elle aussi bien décidée à devenir une « as des ACE » des maths !