Corinne Moy, formatrice ASH
Mis à jour le 17.06.20
2 min de lecture
Mobiliser le potentiel de l'enfant
Corinne Moy est formatrice ASH à l’INSPE de Paris. Elle est engagée dans la formation des enseignants spécialisés en aide relationnelle.
Quelles sont les forces du RASED ?
Il est important de spécifier que les forces ne sont visibles que si le réseau est complet et que si le personnel est formé. En premier lieu, la position de tiers du RASED dans les situations de grande difficulté scolaire participe d’un remaillage des places institutionnelles et des relations entre elles pour analyser les situations de la grande difficulté et pour décider des réponses adaptées. L’autre point fort, c’est la pluralité des regards et des approches, à la fois du champ de la pédagogie, de la psychologie et de la psychopédagogie. C’est cette dynamique qui permet de prendre en compte la complexité des phénomènes et c’est essentiel sinon les réponses apportées ne seront pas à la hauteur. Enfin, assurer la fonction de tiers, en relation avec l’enfant et les parents, permet aux membres des RASED d’être dans une posture de médiation. Les RASED permettent de mettre en avant le potentiel à mobiliser chez l’enfant, contrairement à l’espace classe où l’on voit ce qui ne va pas.
Qu’en est-il de la formation ?
La formation actuelle à la certification CAPPEI a été pensée pour impulser et contribuer à l’éducation inclusive dans l’école. Elle a été calculée pour durer 300 heures, au lieu des 420 avant la réforme. Ce qui est paradoxal car d’un côté le champ de formation est augmenté mais d’un autre côté, il y a moins de temps. La formation est donc compactée avec un recentrage majeur sur les didactiques adaptées aux besoins éducatifs particuliers en français et en maths. La part de la professionnalisation s’en trouve donc profondément réduite, ce qui se traduit par une formation à la posture professionnelle insuffisante. Les futurs enseignants spécialisés n’ont pas suffisamment l’occasion de s’approprier et de construire des repères solides dans cette recherche de posture. Il faudrait une durée suffisante de stage de pratique accompagnée auprès d’enseignants spécialisés expérimentés.
Cela impacte-t-il les missions ?
Les aides tendent à être catégorisées en fonction des besoins éducatifs particuliers. La prise en compte des difficultés est donc analysée au travers de ce prisme nuisant à la possibilité d’entrer dans la singularité du cheminement d’un enfant devenant élève. Cela entraîne une externalisation de la prise en charge avec une accentuation de la médicalisation des difficultés. Et puis, nous sommes passés des RASED comme ressources pour l’école à des personnes ressources avec un risque que ces personnes soient prises dans les problématiques qui justement génèrent les situations de grande difficulté à l’école. C’est là un changement de paradigme.