« ...de la séparation à la relation »

Mis à jour le 18.06.21

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Interview de Pascal Clerc, professeur des universités en géographie

Pascal Clerc est professeur des universités en géographie à CY Cergy Paris Université

dossier 475 Pascal Clerc

Quel lien entre architecture scolaire et apprentissages des élèves ? 

Si l’on s’en tient aux apprentissages purement scolaires, il n’y a pas d’études en France qui prouvent que le bâti scolaire détermine les apprentissages dans un sens ou dans un autre. Mais résumer la fonction de l’école à des apprentissages purement scolaires est une vision réductrice. En effet, il y a les apprentissages formels mais aussi, le corps, les sens, le développement artistique, le vivre ensemble… Différents travaux de recherche montrent des liens entre les espaces et le mieux-vivre ensemble. Prenons l’exemple de la cour d’école, selon la manière dont elle est organisée, elle contribue à dé-genrer les espaces et favorise la mixité.

L’architecture scolaire peut-elle influer sur les pratiques enseignantes ? 

Il faut prendre en compte la notion d’inertie spatiale. Une école construite il y a un siècle est en décalage avec ce qui se fait dans cette école aujourd’hui. Mais à une échelle plus fine, la disposition, le mobilier, la présence de coins dans la classe révèlent des choses sur la pratique des enseignants. Le nombre de salles, la présence d’espaces modulables peuvent aussi influer sur les pratiques mais ce qui est essentiel, est ce qu’en fera l’équipe enseignante. L’école pourrait être un lieu de vie, dans lequel l’enfant doit pouvoir vivre en totalité. Avoir une belle école, c’est aussi être considéré, avoir plaisir à s’y rendre et à apprendre. D’autant que les élèves n’ont pas des demandes extravagantes. Ils veulent, par exemple, des petits coins pour s’installer seuls ou en petits groupes, des espaces où ils peuvent échapper au regard de l’adulte, de la verdure, du confort avec des sièges ou canapés pour s’affaler, la présence d’animaux, de jardins… Autant d’aménagements qui permettraient de mieux habiter l’école.

Quelle place donner à l’environnement proche ?

Il s’agit d’un débat récurent, une école fermée ou ouverte sur l’extérieur ? Aujourd’hui, nous sommes en présence de logiques dominantes de fermeture des écoles avec une obsession sécuritaire qui les transforme en forteresses. Cette organisation de l’école n’est jamais interrogée d’un point de vue pédagogique. Il est urgent de rendre les écoles plus habitables, de passer d’une logique de la séparation à une logique de la relation. Je plaide pour une école ouverte : aller dans les parcs, les forêts mais aussi faire entrer dans l’école des objets, des témoins, des acteurs. La crise sanitaire a eu dans un sens un effet positif sur l’ouverture des écoles, elle a été l’occasion de repenser les pratiques pédagogiques, de faire classe dehors. Il y a une vraie réflexion autour des apports de la nature dans les apprentissages des élèves. Cette crise peut être l’occasion de poursuivre ces changements.

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