Déclassement salarial des enseignants
Mis à jour le 05.10.20
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Interview de Guillaume Duval, économiste et ancien journaliste à Alternatives Économiques
Qu’attendre d’un Grenelle des enseignants ?
Malheureusement sans doute pas grand-chose dans la mesure où ce gouvernement n’a pas fait preuve jusqu’ici d’une réelle volonté de négociation avec les représentants des salariés. Par ailleurs, il ne semble pas acquis que, sur le plan budgétaire, les moyens puissent être réunis pour une revalorisation significative des rémunérations des enseignants. Les possibilités existeraient dans la mesure où dans le contexte du Covid-19 beaucoup des contraintes habituelles pesant sur les finances publiques sont levées. Mais la volonté du gouvernement de limiter les dépenses salariales semble maintenue contre vents et marées. Le gouvernement dit vouloir associer revalorisation du salaire et redéfinition du métier d’enseignant. Ce qui risque fort de signifier un certain nombre de contreparties.
Les écarts de rémunération sont importants entre la France et les pays d’Europe comparables… Pourquoi ?
Cet écart résulte pour partie des politiques menées avec continuité depuis une vingtaine d’années pour limiter fortement la hausse des salaires du public en France. Une politique menée de façon plus dure et plus continue que chez nos voisins. Mais cela résulte aussi d’une sous-estimation sociale du rôle et de l’importance de l’éducation pour la petite enfance et l’enfance. On subit en France dans beaucoup de domaines les effets d’une surestimation du rôle des formations d’excellence de l’enseignement supérieur, en particulier parce que les élites du pays sortent de ce moule. On constate pourtant que les pays qui s’en sortent le mieux, à la fois en termes de dynamisme économique et de cohésion sociale, sont ceux qui investissent d’abord dans le domaine de l’enfance.
7 milliards pour la Santé, combien pour l’éducation ?
En 1995, les dépenses d’éducation représentaient 5,8 du PIB du pays. Depuis lors, ce ratio n’a quasiment jamais cessé de baisser et en 2018, ces dépenses ne pesaient plus que 5,1 % du PIB. Si on ramène la part des dépenses d’éducation dans le PIB à son niveau de 1995, cela implique de dépenser chaque année 16 milliards de plus. Cependant, ces dépenses ne sont pas uniquement affectées aux salaires : pour ceux-ci, il faudrait prévoir de l’ordre de 12 à 13 milliards par an.