“Dynamique de projet ”

Mis à jour le 17.06.19

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Georges Ferone est formateur à l’ESPÉ de Créteil est membre de l’équipe ESCOL

Le numérique est entré dans le quotidien enseignant, à titre personnel et professionnel. Les pratiques s'en trouvent modifiées mais jusqu'à quel point ? éclairage de Georges Ferone sur la question. 

La révolution numérique est-elle intégrée dans le cadre de travail des PE ? 

Georges Ferone : Côté enseignement, c’est certain. Les enseignants sont très connectés, ils utilisent tous des ressources trouvées sur Internet, ils sont très présents dans les réseaux. Il existe maintenant beaucoup de communautés enseignantes en ligne, sur Twitter notamment avec de nombreux projets collaboratifs en ligne, tels que la Twictée®, la classe inversée, des défis, des rallyes, des projets scientifiques… La liste est infinie. Côté élèves, il est plus difficile pour les chercheurs d’avoir une vision objective sur ce qui se passe en classe. Si on prend l’exemple de la Twictée®, c’est un projet sur Twitter destiné à favoriser l’enseignement de l’orthographe. Vous avez des classes où les élèves utilisent beaucoup le numérique et d’autres, où ce n’est pas du tout le cas. Il y a 800 classes inscrites, quelles sont les pratiques majoritaires des élèves ? Difficile de le dire.

En quoi cela a t-il modifié leur métier ? 

G.F. : Pour certains en profondeur et pour d’autres pas du tout. En profondeur, parce qu’Internet favorise le travail en réseau, il rompt l’isolement, il permet de travailler de manière collaborative, avec des collègues ou des classes partenaires. Il donne accès aux savoirs, à des ressources illimitées, il favorise la production, il permet des évaluations plus fines des compétences des élèves ; les potentialités sont donc multipliées. Mais dans le domaine du numérique éducatif, on connaît l’écart entre les promesses et la réalité. Et dans la réalité quotidienne de la classe, pour la grande majorité des enseignants, le numérique ne change pas grand-chose. Le plus souvent, on assiste à une utilisation circonscrite du numérique comme la recherche d’informations en sciences ou en histoire, l’utilisation du traitement de texte pour la mise en forme d’un texte.

L’apport du numérique rend-il les enseignements plus efficaces ? 

G.F. : La recherche est aujourd’hui très rassurante pour les enseignants du premier degré. Ce qui apparaît décisif, avec ou sans numérique, c’est le travail de l’enseignant, ce qu’il permet ou ne permet pas de construire et avec quels élèves. Si on prend l’exemple de la Twictée®, un des principes, c’est de favoriser le travail collaboratif et la discussion argumentée. Ce principe qui s’appuie sur les travaux des didacticiens peut donner lieu à des pratiques très différentes qui auront des effets différents selon les élèves. S’agit-il de les faire participer parce qu’aujourd’hui on ne conçoit plus la classe sans cette participation orale ? Ou s’agit-il de mettre à jour des conceptions de l’orthographe erronées sur lesquelles il est possible de travailler ? Ainsi, un même dispositif peut donner des effets radicalement différents. Pour certains élèves, la discussion argumentée sera juste l’occasion de réciter les règles apprises, pour d’autres, celle-ci constituera un temps de réflexion, d’élaboration, d’explicitation qui favorisera la compréhension du système orthographique.
Le numérique favorise la dynamique de projet. Ils sont innombrables sur Internet. Il est plus facile aujourd’hui d’échanger et de produire collectivement, ce qui donne du sens au travail scolaire et permet de développer des compétences transversales importantes. Mais encore une fois, tout dépend de ce qui se passe réellement dans la classe.

Des points de vigilance ?

G.F. : Le numérique, c’est pour les enseignants et pour les élèves plus d’opportunités, plus de richesse mais aussi plus de complexité. Les travaux montrent un décalage important dans les discours enseignants sur ce qu’ils pensent du numérique et sur ce qu’ils en font. Les discours sont très souvent positifs : le numérique serait motivant car ludique, il permettrait la différenciation, favoriserait l’autonomie des élèves. Mais quand ils parlent de leurs pratiques, les enseignants mettent d’abord en avant les obstacles notamment pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Nos travaux le montrent au sujet de la littératie numérique scolaire, l’utilisation d’Internet peut favoriser les compétences des lecteurs mais à l’inverse, elle peut renforcer les difficultés notamment si les enseignants ne sont pas assez présents auprès des élèves les plus fragiles.

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