L'échec scolaire
Mis à jour le 18.06.21
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Interview de Caroline Hache, maîtresse de conférence en science de l'éducation
Caroline Hache est maîtresse de conférence en science de l'éducation et de la formation
Comment définir l'échec scolaire ?
La réussite scolaire est une notion relative attendue par la société, par l’école, par la famille. Ceux qui n’arrivent pas à atteindre la norme sont considérés comme en échec. La norme évolue au fil du temps et n’est pas la même d’un pays à un autre. Un élève en échec dans le système français pourrait se retrouver en réussite dans le système allemand. L’école et une partie de la société française valorisent un parcours basé sur la performance, dans un cursus général. Pour sortir de cette norme, il faudrait s’inscrire dans le projet de l’élève. La force de ce projet peut contrecarrer la norme scolaire sans que cet élève ne se sente en échec. Par exemple, si un
jeune veut reprendre une entreprise familiale, il va pour atteindre ce projet suivre un cursus pas forcément valorisé par l’école ou la société mais il ne se sentira pas en échec scolaire.
Comment lutter contre l'échec scolaire ?
D’abord en essayant de recentrer la réflexion sur les projets singuliers des élèves. Chaque élève doit pouvoir forger un projet sur lequel il va être accompagné. S’il a une idée précise, on l’aide à atteindre son objectif et s’il n’en a pas, il faut que le système l’aide à construire un projet.
Ensuite, il faut reconnaître le coté multifactoriel de l’échec scolaire et sortir d’un discours culpabilisant car ce n’est ni la faute de l’élève, ni celle des parents, ni celle des enseignants. On pourrait travailler à instaurer une réelle collaboration entre tous les acteurs.
En troisième lieu, la recherche peut permettre aux professionnels de se distancier de développer un esprit critique et de s’inspirer d’exemples et de modèles différents. L’enseignant est le seul à connaître ses élèves, leurs familles, le contexte dans lequel ils vivent. Il est le seul à pouvoir mettre en place des stratégies d’aide et la recherche peut l’aider à y réfléchir. C’est un transfert de la recherche à l’action sur le terrain.
Et le déterminisme là-dedans ?
L’échec scolaire existe. Il faut en étudier les causes et déconstruire ce qui relève du mythe et faire ressortir ce qui relève des réalités. Souvent pour expliquer et justifier l’échec scolaire, on va chercher des déterminismes. «C’est un garçon, il réussit moins bien…», « sa famille vit dans la pauvreté... », « l’école n’a pas fait ce qu’il fallait…». C’est vouloir trouver des responsables que de penser ainsi. Je pense qu’il faut sortir des stéréotypes et des discours culpabilisants. Il y a des facteurs qui influencent l’échec scolaire mais il n’y a pas de fatalité.