Le métier à distance

Mis à jour le 06.03.22

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Portrait de Sophie Martin, enseignante au CNED

FsC 480 Portrait Sophie Martin

Pour Sophie Martin, enseigner à distance au CNED permet de garder un lien avec le métier.« J’avais manipulé des classes virtuelles au CNED pendant le premier confinement et avoir été personne-ressource en informatique évite quelques écueils quand on débute », commence Sophie Martin, enseignante-tutrice-correctrice au Centre national d’enseignement à distance (CNED) depuis la rentrée 2020. Après un parcours professionnel de vingt ans comme enseignante et directrice dans les Hauts-de-Seine et une longue errance médicale, elle finit par obtenir le « graal », un poste adapté. Bien que les demandes soient en augmentation, le nombre de postes adaptés ne l’est pas. Quand « être en classe » malgré des « aménagements du poste de travail » devient impossible, il reste peu de possibilités aux personnels pour continuer à exercer leur métier. Et c’est bien ce que voulait Sophie en ne postulant pas sur un poste administratif mais au CNED.

Un métier solitaire

« C’est déstabilisant de changer de métier, poursuit-elle. On n’est plus à l’école mais devant son ordinateur, chacun chez soi ». Sa mission au CNED en fait l’une des 300 « CNEDeux » et « CNEDeuses » qui se retrouvent dès la pré-rentrée en visio et non en salle des maîtres et maîtresses face au directeur du Centre qui accueille et explique les missions et les attentes. Une nouvelle hiérarchie et un fonctionnement d’entreprise. « Les procédures sont assez strictes », explique-t-elle. Pour les nouveaux et les nouvelles, elles sont explicitées lors d’une formation à distance. Des procédures et des outils CNED qu’il faut maîtriser parfaitement pour le niveau de classe attribué. « Après, tout passe par le CNED qui envoie une liste d’élèves dont on doit compléter le livret scolaire unique. On réceptionne des copies chaque semaine, par sacoche postale ou par la plateforme, des enregistrements audio ou des photos… Le seul moment où l’on peut voir les visages de « nos » élèves » », sourit-elle. Elle pointe ici l’isolement professionnel et le rétrécissement des missions car en plus de n’avoir aucun contact avec les élèves, les correcteurs et correctrices ne conçoivent ni cours ni évaluation. L’employeur a mis en place une plateforme où des équipes de niveau peuvent discuter et partager leurs interrogations sur les remédiations CNED à proposer ou la gestion des élèves qui éprouvent des difficultés. Des groupes d’échanges se forment aussi en dehors des plateformes du CNED. « Les accompagnants des élèves peuvent prendre contact avec des conseillers de scolarité ou des enseignants tuteurs avec des missions particulières. Mais comme le CNED vise le tout numérique, l’accompagnement de la grande difficulté ou des enfants du voyage, par exemple, est compliqué », déplore-t-elle. De la maternelle à l’université, le CNED a vu ses inscriptions grimper de 85% avec la pandémie. Un flux de copies qu’il a fallu absorber. Des cadences parfois ressenties comme infernales et un management d’entreprise. C’est le côté plus sombre pour les PE qui voient leur carrière évaluée sur un service rendu au client plutôt que sur la qualité d’un service public d’éducation. Des problématiques que Sophie met à distance : « Le CNED reste une des dernières ressources proposées aux personnels. Cela me permet de garder une activité professionnelle et le lien avec le métier d’enseignante ».

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