Le plastique, c’est pas fantastique

Mis à jour le 17.06.19

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La prolifération des déchets et leurs méfaits sur la mer au cœur du projet de deux classes bretonnes

« Une mer pour demain ! » chantent les élèves de Plouzané (29), sur la musique d’Aux arbres citoyens. Cette mer, les CE2-CM1 la voient danser depuis leur salle de classe, à l’école Anita Conti. Mais au gré des sorties et des rencontres de cette année, la classe a pris conscience de la pollution d’origine humaine qu’elle subit et de son impact sur la faune aquatique. « On savait déjà les dégâts du plastique mais là on est vraiment entrés dans le sujet », explique Rozenn, en CM2 à l’école Coat-Edern, l’autre classe engagée dans le projet de longue haleine Les plastiques, impact sur l’océan, solutions. Leur travail à la fois scientifique, mathématique, artistique s’inscrit dans l’appel à projet annuel « Jeunes reporters des arts, des sciences et de l’environnement. Chaque mot a son importance », souligne Stéphane Alemany, l’enseignant des CM2. Le travail, multi-facettes, est parti d’une idée toute simple, une bouteille en plastique jetée dans le cours d’eau de Plouzané, qui dégringole jusqu’en bas, en rade de Brest : « Elle finit dans la mer ». C’est ce qu’ont constaté les deux classes, lors de leur sortie sur la plage de Saint-Anne de Portzic « Avec les marées, les courants, c’était plein de déchets », se souvient avec dégoût Emma, CE2. Avec ses camarades, elle ramasse emballages, râteau, filets, flotteurs… « ça c’est ce que l’on voit mais il y a aussi tous les micro-plastiques », apprennent les élèves qui classent et s’interrogent sur l’impact environnemental.

Ostréo-expérience 

Un père d’élève de l’école Anita Conti, Arnaud Huvet, travaille à l’Ifremer et vient répondre à leurs questions. Comme il est spécialiste des huîtres, il leur propose une expérience : « Des huîtres dans de l’eau de mer, avec des algues, du plancton mais aussi des petites billes de plastique orange, rose, fluo », relate Virginie Duvernoy, la maîtresse. « Je pensais que les huîtres allaient trier », dit Keira. D’autres prévoient que les mollusques vont tout avaler. Le lendemain, c’est bien ce qui s’est passé. Les déjections sont marron mais aussi fluo ! « On a disséqué une huître et on a retrouvé dans son tube digestif le plastique », se souvient Paul. D’autres questions émergent : quelles sont les conséquences sur leur santé, leur croissance, leur reproduction ? « Les élèves ont eu l’idée d’une expérience sur un temps plus long » et s’interrogent également sur les autres espèces, poissons, plancton, tortues… C’est d’ailleurs cet animal que les plus jeunes vont représenter sous forme d’un tableau. Une autre rencontre, avec un artiste cette fois-ci les inspire. Estéban Richard, plasticien dans tous les sens du terme, ramasse les plastiques en bord de mer puis les fond pour créer des totems qu’il expose sur les plages. 

La classe choisit un procédé plus simple : une grande tortue dessinée, chaque partie de son corps peinte d’une couleur différente et recouverte de déchets de cette couleur. Les CM2 se lancent dans une horloge numérique indiquant les kilos déversés chaque seconde dans la mer, ce qui donne lieu à tout un travail de codage mathématique puis d’assemblage technologique. Enfin, pour présenter leur projet aux autres classes fin mai à Océanopolis, coordonnateur des projets, les élèves ont créé une pièce de théâtre. Un travail d’écriture par groupes avec des allers-retours entre les deux classes puis un apprentissage théâtral sur la voix, le placement... Les CM2 s’imaginent « pollueurs », débarquant sur une plage avec un pique-nique industriel et jetant sous les huées tous leurs déchets par terre. Les CE2-CM1 seront les « écolos » qui découvrent le désastre et expliquent les conséquences sur la nature et l’humain, puis suit la « battle hip-hop » entre pollueurs et plancton. Les « scientifiques » clôturent en listant les solutions, les « gilets bleus » nettoient tout avant le chant final. Un spectacle ramassé de 10 minutes qui restitue en rythme tout ce qui a été appris. « Je ne savais pas que le plastique venait du pétrole », confie ainsi Paul, « Ce qui m’a le plus choqué c’est que 10 millions de tonnes de plastique finissent en mer par an dans le monde », ajoute Arthur qui a calculé avec sa classe par jour, par heure… « Cela fait 317 kg par seconde ». Virginie et Stéphane ont apprécié ce projet qui « a motivé les élèves et ancré les savoirs ». Deux heures sur le temps d’animation pédagogique leur ont été dégagées pour le construire, « même si forcément ça dépasse ». Le projet a aussi accentué les comportements déjà assez écolo des élèves et de leur famille, selon « la règle des 3 R : réduire, recycler, réutiliser. Maintenant, à vous de jouer ! » 

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