Sylvain Connac

Mis à jour le 17.06.20

2 min de lecture

Sylvain Connac, sciences de l'éducation, sur le travail coopératif en confinement

Sylvain Connac, Enseignant chercheur en sciences de l’éducation

Sylvain Connac

Une pédagogie coopérative sans contact est-elle possible ?

Le confinement a particulièrement empêché les relations coopératives entre élèves. C’est malheureusement indéniable. Mais les enseignants sont très créatifs et nombreuses sont les expériences de coopération qui ont été organisées, dans le respect des mesures sanitaires. J’ai ainsi pu assister à des « Quoi de neuf ? » où la coopération intervenait par des échanges sur les sujets apportés par les enfants. J’ai pu observer le fonctionnement de « tables d’aides », séparées par une cloison faite de film plastique, afin d’autoriser des échanges. Plusieurs élèves ont également participé à des jeux coopératifs, sans contact, mais néanmoins très intéressants au niveau des défis communs à relever.

Quels enseignements à privilégier dans cette école de l’entre-deux ?

Je pense que ce manque de relations a permis de nous rappeler l’intérêt majeur de deux besoins associés à l’école. D’abord, celui du lien social pour apprendre. Bien sûr que l’on peut apprendre seul et chez soi. Mais c’est à la fois plus difficile et malheureusement très sélectif. Pouvoir regarder les élèves dans les yeux, observer leurs réactions suite à une consigne ou les laisser échanger entre eux sont des exemples de gestes professionnels vitaux pour les enfants les plus vulnérables. Ensuite, celui du lien social pour faire collectif. J’ai été frappé par l’incroyable plaisir suscité par les « récréations numériques » permises par les classes virtuelles. L’école est un lieu pour apprendre, mais aussi un espace où se nouent les sentiments d’appartenance. En plus de la famille ou d’associations, les écoles aident les enfants à ne pas se concevoir comme de seuls individus, mais à être de véritables membres de groupes.

Comment faire pour maintenir un travail coopératif ?

Le travail en coopération n’est pas très compliqué. La plupart du temps, il suffit juste de laisser la nature des enfants s’exprimer : spontanément, ils savent échanger, s’aider, travailler avec d’autres. La principale attention quand on est enseignant est alors de veiller à ce que les activités en coopération ne profitent pas qu’aux seuls « meilleurs élèves ». Par exemple, que tous dans une classe puissent profiter des bénéfices de l’aide apportée à quelqu’un. Également que les conseils coopératifs ne deviennent pas des tribunaux d’enfants. On obtient ainsi des formes scolaires d’avenir, que beaucoup nous envieront.

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