Un expert extérieur

Mis à jour le 28.01.20

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Décryptage sur les intervenants extérieurs

Il n’est pas rare de croiser des ­intervenants extérieurs dans les classes en appui des enseignements dispensés par les PE. Quelle plus-value, quelles responsabilités et comment définir la place de chacun lors de ces interventions ?

Le mardi c’est tennis pour les élèves de grande section de la classe de Myriam à l’école maternelle Guy Môquet de Stains (93). Si elle a a pu inscrire ce sport dans sa programmation c’est avant tout parce que la municipalité propose des cycles de co-intervention avec des éducateurs sportifs. C’est l’occasion pour l’enseignante d’initier ses élèves à une pratique sportive qu’elle ne maîtrise pas et qu’il est préférable de mener en ateliers. Non seulement appui humain, l’éducateur sportif, spécialiste de son domaine, lui permet de diversifier les activités proposées aux élèves mais aussi d’enrichir son geste professionnel.
Adultes dans l’école mais ni enseignants ni auxiliaires de vie scolaire ni ATSEM, les intervenants extérieurs peuvent apporter leur expertise au sein de la classe de façon récurrente ou dans le cadre de projets spécifiques. Leurs statuts sont divers : fonctionnaires, artistes, employés et employées associatifs, leurs domaines d’intervention sont tout aussi variés : personnels en charge des interventions en EPS, en musique, en langues vivantes… et leur apport de l’ordre de l’expertise technique et de l’ouverture sur le monde.

un intervenant extérieur

Une compétence technique

Au même titre que les sorties pédagogiques, l’intervention d’un personnel extérieur est le plus souvent préparée bien en amont de sa venue, dans le cadre d’une progression des apprentissages réfléchie et construite par l’enseignant ou l’enseignante.
Ce type de partenariat, qui s’est accru lors des deux dernières décennies, est constructif, d’autant plus lorsque les missions et les responsabilités de chacun sont bien définies. Loin de laisser de côté la responsabilité de champs disciplinaires lors de ces interventions, les profs sont le plus souvent à l’initiative et restent de toutes les manières responsables de l’organisation pédagogique et garants de la continuité des apprentissages. Les intervenants, eux, apportent un éclairage technique, un savoir-faire particulier, un recul d’expert qui enrichit le contenu pédagogique de ces séances. Une expérience riche pour les élèves qui abordent les apprentissages sous une nouvelle forme, permettant l’appropriation d’une culture nouvelle et commune pour une meilleure entrée dans les apprentissages.
Mais les enseignants et enseignantes n’ont pas toujours un éducateur sous la main, comme dans le cas de Myriam. Dans certaines villes qui mettent à disposition du personnel municipal qualifié de façon généralisée, comme à Paris ou à Lyon, c’est simple, l’enseignant inclut les interventions dans sa programmation. Ailleurs, c’est dans le cadre de projets avec des demandes de financements (classe APAC par exemple), que les PE peuvent faire appel à un intervenant extérieur qui devra figurer sur la liste des personnels agrémentés par la DSDEN ou le ministère. C’est parfois fastidieux, mais le jeu en vaut bien souvent la chandelle. Monter un spectacle sur les arts du cirque avec des spécialistes dans le domaine, c’est tout de suite plus agréable et intéressant.
Loin de faire obstacle ou de nier la capacité de polyvalence des personnels enseignants, l’intervention d’une tierce personne leur permet de s’adjoindre des compétences qu’ils ne possèdent pas, d’ouvrir leur regard sur des pratiques autres que les leurs mais aussi de porter un regard nouveau sur leurs élèves qu’ils voient évoluer différemment. Malheureusement, la formation initiale n’aborde que trop rarement ces situations de travail en partenariat qui nécessitent pourtant la construction d’un véritable savoir-collaborer. Et puis il y a la question du temps que nécessite la préparation d’une telle collaboration, un argument de plus pour laisser aux PE et aux équipes la main pleine et entière sur les 108h.

Christine Amans Passaga est maître de conférence en STAPS (Université de Toulouse)

Christine Amans Passaga

Quel est le profil des intervenants ?

Il existe plusieurs types d’intervenants avec des statuts différents et donc, in fine, pas la même démarche. En EPS par exemple, il existe les éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives (ETAPS) qui sont employés par les mairies. Quand ils interviennent en contexte scolaire, leur mission est claire : enseigner une discipline sportive en co-intervention. Il y aussi des intervenants qui sont des entraîneurs et des éducateurs sportifs rattachés à une fédération ou à un club. Les enjeux sont différents, leurs compétences techniques sont intéressantes mais parfois éloignées de la culture scolaire.

Quelles sont les conditions d’une intervention réussie ?

Une intervention réussie est une intervention qui bénéficie aux élèves. Pour que la co-intervention soit de qualité, il faut absolument qu’il y ait eu une co-préparation de la séquence en amont, une réflexion concertée entre l’intervenant et l’enseignant sur les enjeux didactiques des séances qu’ils vont mener ensemble. Les rôles doivent être clairement établis. J’ai pu constater lors de mes recherches des postures différentes, avec certains enseignants complètement en retrait ou d’autres qui ne géraient que le comportement des élèves. Mais j’ai aussi constaté que bien souvent leur posture évoluait au cours des séquences et qu’ils modifiaient progressivement leur implication. Ces interventions peuvent être des moments riches de co-formation, où chacun acquiert des connaissances et des compétences qu’ils n’avaient pas au préalable.

Cela interroge-t-il la polyvalence ?

La polyvalence des enseignants du premier degré fonde leur métier mais elle est très difficile à mettre en œuvre. On leur demande d’intervenir sur des objectifs de connaissances et de compétences très précis, et ce dans un large panel de champs disciplinaires, avec une formation initiale insuffisante. Faire appel à un intervenant, c’est reconnaître les limites de ses compétences. Si les enjeux d’apprentissage sont clairs, les rôles de chacun bien établis et les démarches concertées, alors l’intervention bénéficiera aux élèves.

Des ressources

Un intervenant, oui mais comment ?

Quel est le rôle de l’intervenant ? Quels sont les règles qui régissent son intervention ? Quel est le rôle de l’enseignant durant ces co-interventions ? Une fiche pratique qui reprend l’ensemble des textes de référence encadrant la place de ces personnels non enseignants qui interviennent dans la classe.
Des réponses à trouver sur le site Eduscol.education.fr

Des agréments pour garantir l’intervention

Afin de pouvoir intervenir dans les écoles, les associations doivent avoir reçu un agrément. Si les activités de ces dernières se déploient partout en France, c’est le Conseil national des associations éducatives complémentaires de l’enseignement public (CNAECEP) qui doit délivrer le précieux sésame. Si l’intervention est plus locale, c’est l’instance académique, le conseil académique des associations éducatives complémentaires de l’enseignement public (CAAECEP) qui le donnera. Des agréments qui garantissent aux enseignants et enseignantes la qualité des interventions ainsi que leur compatibilité avec les programmes de l’école. On trouve la liste des associations agrées nationalement sur le site education.gouv

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