"Faire appel à la réflexivité de la profession"

Mis à jour le 18.09.24

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André Robert, spécialiste du syndicalisme enseignant, analyse le journal de la FSU-SNUipp Fenêtres sur cours

Quel est le rôle de la presse syndicale?

 Son rôle est d’organiser la défense des intérêts de la profession et l’action en faveur de l’amélioration des conditions matérielles et morales des personnels de ladite profession. Dans le syndicalisme enseignant, les questions de métier s’ajoutent et sont même au cœur de la réflexion et de l’action syndicale. Le syndicat a le souci de prendre en compte, dans son discours mais aussi dans ses actions et au travers de sa presse, le caractère dialectiquement lié des questions revendicatives et de métier. Mettre l'accent sur le métier enseignant élève la dignité professionnelle. Le SNUipp avec Fenêtres sur cours fait appel à la réflexivité de la profession et à l’autonomie de cette réflexivité. Le syndicat n’est pas là pour penser à la place des enseignants mais pour leur donner des argumentaires riches et variés, faisant transparaître les débats qui animent l’ensemble de la recherche. Ce faisant, il ne considère pas l’enseignante ou l’enseignant comme un simple exécutant et se donne les moyens d’atteindre un lectorat plus large.

Quelles sont les particularités de Fenêtres sur cours?

 Dès le début, le SNUipp a eu la volonté de professionnaliser son bulletin syndical en se rapprochant des techniques professionnelles de publication puis en travaillant directement avec des journalistes. On observe une coupure très nette entre le journal fabriqué par des militants avec une tonalité assez moralisatrice comme l’était L’école libératrice et Fenêtres sur cours (FSC), journal du SNUipp. Dès ses débuts, FSC a une posture moderne, tournée vers la communication. Il diffuse des informations objectives, utilisables par les lecteurs, tout en les incitant à l’implication militante. La très forte présence de la recherche dans le discours du SNUipp et dans son journal montre cette volonté de fonder les revendications et l’action syndicale sur une objectivité de l’analyse. 30 ans plus tard, ce trait qui caractérisait FSC dès sa naissance est toujours présent. Les changements de maquette durant ces années montrent également un professionnalisme grandissant : volonté de lisibilité, une communication accessible dans une démarche de lecture non pas superficielle mais rapide avec une argumentation synthétique. Le rubriquage très clair et stable d’un numéro à l’autre concourt à la facilité de la lecture et à l’intérêt de la revue. Le sommaire présentant de manière claire les rubriques et thématiques est très percutant. FSC va au fait, est précis et synthétique sans s’interdire de donner plus de place à l’argumentaire comme il le fait dans ses dossiers. Cet ensemble de techniques journalistiques est une force pour le syndicat qui souhaite toucher les personnels syndiqués mais aussi toute la profession.

Quelle place tient Fenêtres sur cours?

Il tient une place importante dans la presse syndicale enseignante. Les différentes enquêtes de lectorat ont montré que le journal est lu par un cercle important de personnes: syndiqués, sympathisants et des lecteurs extérieurs à la couronne du SNUipp. On peut dire qu’il est un journal de référence du métier enseignant à plusieurs titres : du fait du caractère majoritaire du syndicat, des efforts faits pour rendre cette presse accessible sans démagogie à l’ensemble de la profession et parce que le journal est axé sur les questions de métier avec une présence très forte de la recherche et des praticiens de terrain. Cette collaboration qui va dans le sens de la recherche collaborative transparaît aussi dans l’initiative de l’Université d’automne où chaque année depuis plus de 20 ans, sur un temps de vacances, la parole circule entre la recherche et les enseignants, et dans le FSC spécial qui suit.