29 Septembre : les raisons d’une grève

Mis à jour le 20.09.22

min de lecture

Le Ministre a annoncé une augmentation des enseignant·es uniquement en début et milieu de carrière ainsi que la mise en place d’un “pacte enseignant” qui permettrait une autre revalorisation contre de nouvelles missions. Ces annonces, dont le détail reste inconnu à ce jour, ne répondent pas au nécessaire rattrapage salarial sans contrepartie que la profession exige depuis de nombreuses années. Le SNUipp-FSU appelle donc les personnels des écoles à se joindre à la mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre prochain avec la CGT et Solidaires pour exiger une augmentation générale des salaires. Il revendique une augmentation immédiate de 300 euros net pour toutes et tous.

Un rattrapage salarial du début à la fin de carrière pour tous les personnels

Depuis 2010, l’inflation cumulée devrait atteindre 22% en fin d’année (estimation de 7% pour l’année 2022). À l’inflation s’ajoute la hausse des cotisations retraites de 3,25%. Les revalorisations de point d’indice ne représentent quant à elles que 5,2%. C’est donc, en moyenne, plus de 20% de pouvoir d’achat que les enseignantes et enseignants ont perdu depuis cette date.

Loin des 10% pour toutes et tous annoncés dans un premier temps, le ministre annonce une augmentation ciblée prioritairement sur les débuts de carrière qui “toucheront 2000 euros par mois à partir de septembre 2023”. Il indique aussi que cette revalorisation, dont le pourcentage n’est pas encore fixé, concernerait les milieux de carrière qui “subissent un plat d’une dizaine d’années”. Les fins de carrière sont donc exclues de ces annonces.

Or le décrochage salarial concerne tout le monde. À titre de comparaison un·e contrôleur·euse des finances publiques, catégorie B, gagne 2130 euros à l’échelon 7 contre 2075 euros pour un·e professeur·e des écoles, pourtant catégorie A.
Ce n’est donc pas une augmentation mais un rattrapage salarial dont doivent bénéficier les personnels. Il doit être uniforme et concerner tous les personnels du début à la fin de carrière à hauteur des pertes subies.

Par ailleurs, les augmentations de salaires annoncées ne concernent pas les personnels administratifs ni les plus de 130 000 AESH. Pourtant ces dernier·es sont indispensables au fonctionnement de l’école. Quand on sait que le salaire net maximum d’un·e AESH est de 1014 par mois, car les AESH travaillent en moyenne 62% d’un temps complet, ne pas évoquer leur situation dans des discussions salariales est tout bonnement inadmissible. Augmenter les salaires des seul·es enseignant·es, c’est invisibiliser le travail de ces actrices et acteurs essentiels de l’école : les AESH doivent bénéficier d’un statut de fonctionnaire de catégorie B avec une quotité de travail à 100% de 24h hebdomadaire.

Refuser le « travailler plus pour gagner plus »

En plus des 10% annoncés, le Ministre met en avant un «pacte enseignant» qui permettrait aux enseignantes et enseignants d’augmenter leur rémunération de 10% contre l’exercice de nouvelles missions non encore définies. Cela permet au ministère d’annoncer une hausse de 20% des rémunérations…. Mais qui dit nouvelles missions dit augmentation du temps de travail. Et quoi de plus normal que de voir son salaire augmenter dans ces conditions ? À aucun moment il ne s’agit d’une revalorisation mais de la rémunération de tâches supplémentaires.

Le flou entretenu sur les nouvelles missions interroge. De quoi parle-t-on ? De suivi d’élèves ? D’entraide dans les équipes ? D’innovation pédagogique ? De temps d’échange avec les familles ? D’aide aux élèves en difficulté ? De mise en place projet culturels ou sportifs ? Toutes ces missions sont d’ores et déjà effectuées dans les écoles ! C’est d’ailleurs l’ensemble de ces missions qui amène l’INSEE, dans une enquête menée pour le ministère, à annoncer un temps de travail de 44 heures hebdomadaires pour les enseignant·es du primaire.

À aucun moment il ne serait acceptable de conditionner une partie du nécessaire rattrapage salarial à de nouvelles missions quand celles effectuées ne sont toujours pas reconnues et rémunérées à la hauteur de l’engagement des personnels.

L’annonce d’une rémunération d’au moins de 2 000 euros dès l’entrée dans le métier présage d’un lissage de la rémunération sur l’ensemble de la carrière, phénomène que la prime d’attractivité mise en place par Blanquer a déjà entamé. Dans le cadre de «l’école du futur», chère au Président, il est probable que l’acceptation de nouvelles missions, celles que l’administration aura édictées comme bénéfiques, soit la seule solution pour les personnels de voir leurs rémunérations augmenter de façon un tant soit peu significative. Et cela dans un système de concurrence entre équipes via la contractualisation des moyens mise en place dans divers dispositifs : les contrats locaux d’accompagnement, les cités éducatives, la généralisation de l’expérimentation marseillaise et les évaluations d’écoles. Ainsi le salaire, via les nouvelles missions, deviendrait un outil de management, de division des personnels et de sujétions des pratiques. C’est inacceptable.

Un « pacte enseignant » défavorable aux femmes

Conditionner l’augmentation salariale aux «nouvelles missions» du «pacte enseignant», sera défavorable aux femmes pour diverses raisons : charge liée à la double journée de travail à l’école/travail domestique qui incombe encore majoritairement aux femmes, «plafond de verre» (difficulté construite socialement à se projeter vers les postes à responsabilité), incompatibilité avec les temps partiels (11% des enseignantes…). De fait ce choix de conditionner des augmentations salariales à l’exercice de nouvelles tâches ne sera pas seulement scandaleux vis-à-vis du travail déjà fourni par les PE mais en plus creusera les inégalités entre les femmes et les hommes. Le rattrapage salarial doit se faire sur la base d’une augmentation des grilles indiciaires : c’est un enjeu d’égalité !

La situation n’est plus tenable. Les enseignantes et enseignants, tout comme les AESH méritent d’être payé·es dignement. Le SNUipp-FSU appelle les personnels à se mettre massivement en grève pour revendiquer un rattrapage salarial via l’augmentation du point d’indice, sa réindexation sur l’inflation et une augmentation des grilles indiciaires correspondant à 300 euros net pour toutes et tous maintenant et 100 points d’indice à terme.