Écologie : le ministre se met au vert

Mis à jour le 12.09.19

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Doit-on y voir l'impact des mobilisations grandissantes pour le climat ou l'approche de scrutins municipaux? Toujours est-il que l'éducation au développement durable (EDD) se trouve catapultée troisième axe de la conférence de presse de rentrée de Jean-Michel Blanquer. Mais derrière les effets d'annonce, peu d'actes à la hauteur des enjeux.

Suffit-il à Jean-Michel Banquer de faire sa conférence de presse de rentrée dans le jardin du ministère, devant « un platane multi-séculaire » pour faire croire à sa métamorphose écologique ? Il en faudra plus. D'autant que ses huit recommandations de rentrée dans le domaine, dont la moitié ne concernent pas le primaire, sont très en-deçà des enjeux environnementaux actuels.

Une circulaire de rentrée y'a qu'à

Le jour même de la conférence de presse, une circulaire EDD est parue au B.O avec le double objectif de développer l’EDD à travers l’engagement individuel des élèves et personnels de l’EN et de faire des 60 000 établissements scolaires des lieux d’exemplarité en matière de protection de l’environnement. Huit mesures sont déclinées pour développer de « bonnes pratiques » à mettre en œuvre dès l’année scolaire 2019-2020. Elles ne concernent pas toutes l’école primaire.

La première mesure consiste à mener au sein de l’école une « action pérenne en faveur de la biodiversité » : nichoir, ruche, « hôtel à insectes », jardin ou potager bio etc. Elle est supposée être effective « avant la fin de l’année 2019 ». Cette mesure est complétée par la mise en œuvre systématique du tri des déchets et la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les cantines. Ces mesures supposent l’implication des collectivités territoriales et la recherche de partenariats associatifs.
L’élection d'éco-délégués dans chaque classe ne concerne que le second degré mais pourraient faire des émules au primaire. Leur rôle consiste à « promouvoir les comportements respectueux de l’environnement dans la classe ». Dans la série « je motive les classes », le ministre place également un concours annuel école verte et entend généraliser le label E3D (école en démarche globale de développement durable) créé en 2013. Un peu court donc pour faire de l'école un lieu de développement durable.
Et que ce volontarisme ne devienne pas de l'autoritarisme : les mesures annoncées doivent se faire dans le respect des actions pédagogiques en cours dans les écoles, avec en appui une authentique politique de formation et des moyens alloués aux équipes.

Vers une modification des programmes

L'article 9 de la loi Blanquer a évolué en cours de route parlementaire pour indiquer que « l'éducation à l'environnement et au développement durable débute dès l'école primaire. Elle a pour objectif de sensibiliser les enfants aux enjeux environnementaux et à la transition écologique. Elle permet la transmission et l’acquisition des connaissances et des savoirs relatifs à la nature, à la nécessité de préserver la biodiversité, à la compréhension et à l’évaluation de l’impact des activités humaines sur les ressources naturelles et à la lutte contre le réchauffement climatique.  »

Dans cette optique, le Conseil supérieur des programmes est saisi depuis juin pour renforcer le traitement de ces questions dans les programmes de l’école et du collège. Des actions de formation initiale et continue sont annoncées mais concernent pour l'instant surtout les formateurs et formatrices et le second degré.

il est difficile pour le SNUipp-FSU de voir dans toutes ces annonces autre chose qu’un opportuniste exercice de communication politique. Centré sur les « fondamentaux », le ministre avait jusqu'ici passé sous silence dans ses ajustements de programmes, guides oranges et autres circulaires les autres apprentissages, dont l'EDD. Maintenant qu'il repeint en vert les volets de sa politique éducative, la question se pose des moyens alloués pour atteindre les objectifs, de l'accompagnement des équipes et de l'articulation entre les écoles, collectivités et autres partenaires. Car, face au défi environnemental qui se pose mondialement, l'école a sa part, certes, mais elle ne peut pas faire tout. Elle ne peut pas faire seule non plus. à l'état aussi de « s'engager » dans l'isolation thermique des bâtiments, l'équipement en mobilier et fournitures durables ou encore des cantines bio. « Un peuple de colibris » ne suffira pas...