Encore une rentrée pas comme les autres
Mis à jour le 25.08.21
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Lors de sa conférence de presse, le SNUipp-FSU fait le point sur les conditions de rentrée : contexte sanitaire, protocole dans les écoles, campagne de tests...Il tire un bilan critique de la politique ministérielle menée depuis 2017 et met la focale sur la direction d'école et les salaires des personnels.
Une rentrée sous le signe du variant delta
Même si le ministre aime faire cette comparaison, l'école n'est pas dans la configuration de l’an dernier : le variant delta est beaucoup plus contaminant avec un taux d’incidence multiplié par 5. Le niveau de protocole annoncé dans la presse n'est pas adapté, d’abord parce qu’il n’est pas corrélé à un seuil épidémique, ensuite parce qu’il est identique quel que soit le niveau d’incidence dans les départements.
« Avec ce protocole, il y a fort à parier que l’école sera perturbée dès les premières semaines de l’année avec des fermetures de classes qui débuteront assez rapidement en fonction des départements les plus touchés. » affirme Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUipp-FSU et porte-parole.
Une politique de tests efficace accompagnée d'une campagne de communication en direction des familles sont nécessaires pour éviter les fermetures de classes à venir. Les collectivités locales n’ont pas à supporter le coût de l'équipement des classes en capteurs de CO2, que le Ministère doit donc prendre en charge. De la même manière, des masques chirurgicaux doivent être fournis aux personnels comme aux élèves. Des règles claires pour la restauration scolaire doivent être définies afin de limiter la distanciation physique et éviter les brassages. Enfin, le niveau du protocole doit être corrélé au niveau d’incidence.
Quel bilan de la politique éducative ?
De façon générale, la politique menée depuis 2017 aura mécontenté et déstabilisé la profession : modification des programmes, avalanche de guides, suppression des Plus de maîtres, remise en cause de l'éducation prioritaire, gestion de la crise sanitaire, réforme de la formation initiale, réforme du CAFIPEMF... Sans compter une communication du ministère uniquement par voie de presse.
La politique de la rue de Grenelle n'a pas réussi à diminuer les inégalités scolaires, voire les a renforcées. L'imposition de pratiques pédagogiques fragilise les équipes et remet en cause la professionnalité enseignante. La dépense par élève reste inférieure de 12% à la moyenne des pays de l’OCDE. La comparaison en terme d’effectifs par classe et de taux d’encadrement montre également le retard de la France par rapport aux autres pays de l’OCDE.
Réformes multiples, manque de personnels remplaçants et spécialisés, de médecin scolaire... les raisons de réclamer un plan d’urgence pour l’école ne manquent pas.
Direction d’école : des propositions qui ne répondent pas aux besoins
Depuis longtemps la direction d’école est un sujet sensible où la question du statut hiérarchique revient comme éternel serpent de mer. Ce dossier illustre le fonctionnement d’un ministre qui agit seul et ne répond pas aux besoins exprimés la profession.
Début juillet, le ministre a franchi la ligne rouge en annonçant en fin de discussion la création d’un emploi spécifique pour les directrices et directeurs totalement déchargés.
Aujourd’hui menacée, la fonction de direction d’école doit être réaffirmée et reconnue, tout en maintenant l’absence d’autorité hiérarchique dans les écoles. Pour mieux faire fonctionner les directions d’école et donc les écoles, l' augmentation des temps de décharge, l'allègement des tâches, l'aide administrative... sont nécessaires
Salaires : un dossier brulant
La revalorisation salariale historique n'aura pas été au rendez-vous. Seules deux mesures ont été prises : une prime d'équipement informatique de 150 euros et une prime d'attractivité qui ne concerne que 58% des PE. Ces mesures restent très insuffisantes en l'absence d'un plan pluriannuel de revalorisation. Plusieurs éléments montrent pourtant l'urgence d'une réelle revalorisation des salaires des PE : gel du point d’indice depuis 11 ans, baisse du pouvoir d'achat de 17% (sur cette même période), salaires des PE inférieurs aux enseignant·es des autres pays européens.
Quant aux salaires des AESH, les mesures restent très en-deçà d'une reconnaissance à la hauteur des missions essentielles assurées par ces personnels.
La question salariale reste pleine et entière pour tous les personnels. Elle n'est pas sans conséquence sur l’attractivité du métier et des difficultés de recrutement récurrentes rencontrées ces dernières années.