Un besoin urgent de formation continue

Mis à jour le 22.06.19

3 min de lecture

L'enquête Talis conduite pas l'OCDE s'est intéressée pour la première fois à l'école primaire. Il en ressort que les enseignantes et enseignants des écoles se perçoivent comme moins efficaces et peu satisfaits de leur formation initiale et continue en regard de leurs homologues européens.

« En comparaison de leurs voisins européens les PE français sont assez peu satisfaits de leur formation initiale, réclament une formation continue sur la prise en compte des élèves à besoins éducatifs particuliers et manifestent un sentiment d’efficacité personnelle dégradé».  
C’est ce qui ressort de la note publiée par la DEPP au mois de juin à partir de l’enquête internationale « Talis » menée par l’OCDE en février-mars 2018. Elle établit une photo inédite du métier enseignant dans les écoles primaires françaises. Une enquête qui, pour la première fois, a interrogé un panel de personnels des écoles primaires dans quinze pays, dont six au sein de l’Union européenne.

Selon l’enquête, peu regrettent leur choix de carrière (7%). Et même si une personne sur cinq interrogée souhaite changer d’école, elles sont tout de même neuf sur dix à exprimer que, dans l’ensemble, leur travail leur donne satisfaction.

Pour autant, les personnels pointent un certain nombre d’insatisfactions notamment en regard de la formation initiale et continue dont ils peuvent bénéficier. Un manque qui explique sans doute le fait que les enseignants et enseignantes françaises se situent dans le bas du tableau concernant leur sentiment d’efficacité personnelle. Ils et elles ne sont ainsi qu’un tiers à « s’estimer très efficace pour expliquer les choses autrement ou amener les élèves à se rendre compte qu’ils peuvent avoir de meilleurs résultats scolaires ».

Gestion de classe

Les PE se situent globalement dans la moyenne s’agissant des pratiques à la gestion de classe. « Ils et elles sont toutefois légèrement plus nombreuses que leurs collègues européens à indiquer perdre du temps d’enseignement à cause de comportements perturbateurs de certains élèves ou à souligner que leur classe est perturbée par beaucoup de bruit », indique l’enquête. Une indication qui est sans doute, en partie, à mettre en rapport avec les effectifs dans les classes qui sont parmi les plus élevés des pays comparables.

Pour que la formation continue

Aussi les personnels des écoles françaises réclament-ils davantage de formation sur des objets comme l’utilisation du numérique dans les apprentissages ou encore la prise en compte des élèves à besoins éducatifs particuliers et ce, dans des proportions bien plus importantes que leurs homologues européens. Un signal sans appel qui vient confirmer une fois de plus l’urgence à développer une formation continue digne de ce nom.

Car si un tiers des répondants français a pu bénéficier d’une formation continue, contre la moitié dans les autres pays, ils ne sont par contre que 16% à exprimer un avis positif sur la qualité de cette formation, contre un tiers chez leurs voisins européens…

Décidément il y a urgence. Urgence à développer des plans de formation continue qui partent des besoins réels des équipes et s’appuient sur les avancées de toute la recherche pédagogique. Une formation qui doit se faire sur le temps de travail et privilégier des méthodes de recherche-action à partir d’objets de travail définis par celles et ceux qui font la classe et l’école au quotidien. Et ce n'est certainement pas en prévoyant des temps de formation hors sol sur les temps de vacances que l'on fera évoluer la situation, sauf à vouloir seulement faire du chiffre et de l'affichage.