Le ministre ouvre le dossier de la maternelle

Mis à jour le 12.01.18

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Après de multiples déclarations dans la presse, le ministre vient de dévoiler ses intentions pour l'école maternelle. Il confie une mission au neuropsychiatre Boris Cyrulnik pour préparer un rendez-vous fixé au mois de mars : "Les Assises de l'école maternelle". Avec l'objectif de bouleverser le fonctionnement de la maternelle alors que de nouveaux programmes viennent à peine d'être mis en application ?

On l'avait perçu au gré de multiples interventions dans les médias, Jean-Michel Blanquer a des idées bien précises sur la pédagogie à mettre en œuvre à l'école maternelle,  qui doit pour lui être le lieu d'un apprentissage systématique et précoce du langage et du vocabulaire. à la faveur d'un entretien dans Ouest-France, il vient d'annoncer l’organisation en mars prochain d’ « Assises de la maternelle »  et la création d’une mission confiée à Boris Cyrulnik avec pour objectif de faire de la maternelle "l'école de l'épanouissement et du langage".

Un coin enfoncé dans les programmes de 2015 ?

Pas question de remettre en cause la bienveillance de Boris Cyrulnik ni ses compétences concernant le développement affectif du jeune enfant mais il est loin d’être un spécialiste des apprentissages et sa nomination sonne à nouveau comme un désaveu pour les chercheurs en sciences de l’éducation. La focale portée sur la qualité et les conditions de l'accueil des élèves avec le travail sur le cadre de vie, le rôle des Atsem laisse de côté la question des apprentissages et du rôle fondamental des enseignants de cette "école première". Avec le risque de revenir au concept de jardins d'enfants pour les plus jeunes.

S'agit-il de réactiver des pratiques qui sont loin d'avoir fait leurs preuves dans le passé comme le programme Parler expérimenté par Michel Zorman à Grenoble entre 2005 et 2008 ? S'agit-il de remettre en cause des nouveaux programmes mis en œuvre en 2015 accueillis favorablement par les enseignantes et enseignants de maternelle et qu'ils peinent parfois à mettre en place faute de l'accompagnement nécessaire ?

Loin des revirements permanents et des injonctions sans cesse renouvelées, c'est bien de sérénité, de temps long et d'une formation à la hauteur des enjeux dont ont besoin les enseignants pour mieux faire réussir tous leurs élèves.