Prime REP+ : l’embrouille
Mis à jour le 03.07.18
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Si une partie de la prime de 3 000 euros promise aux enseignantes et aux enseignants de REP+ par Emmanuel Macron leur sera bien versée au cours de l’année 2018-2019, le reste pourrait bien n'être attribué qu'aux plus « méritants ».
1 000 euros versés sous forme de prime à tous les enseignants de REP+ dès l’année prochaine : c’est ce qu’annonce le ministre de l’Éducation nationale dans un communiqué daté du 2 juillet. Il s’agit là de tenir une partie de la promesse faite par Emmanuel Macron alors candidat à l’élection présidentielle de valoriser « les équipes éducatives intervenant en réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+). »
Mais qu’en est-il des 2 000 euros restant ? La revalorisation « se poursuivra en 2019 et 2020 », précise le communiqué. Mais elle prendrait cette fois en compte, sous la forme d'une part variable, la valorisation de « l’investissement collectif des équipes », hypothèse déjà évoquée par le ministère lors d’une première rencontre mi-juin, à laquelle le SNUipp-FSU n’est pas favorable. Et une nouveauté : « la possibilité d’un adossement d’une partie de cette indemnité aux progrès des élèves et à l’accomplissement du projet d’école et d’établissement qui y contribue ». En clair, c’est bien d’introduire une part de mérite dans la rémunération des enseignants dont il est question.
Dangereux précédent
On est en droit de s'interroger sur les critères "objectifs" qui présideraient à l'attribution de cette part variable de la prime à tel enseignant, telle équipe d'école et pas à telle autre. Doigt mouillé ou pilotage par les résultats ? Quoi qu'il en soit, et décidément bon élève du gouvernement, le locataire de la rue de Grenelle envisage donc et sans attendre, de mettre en musique « la remise à plat complète des modalités de rémunération des agents publics et la généralisation de la rémunération au mérite au niveau collectif et individuel » annoncée mi-juin par Matignon dans le cadre de la réforme de la fonction publique.
Pour le SNUipp-FSU il y a là un dangereux précédent, d’autant que les études internationales montrent que la rémunération au mérite, là où elle a été mise en place, a été un échec, démotivant les équipes et ne favorisant en rien la réussite des élèves.
Arbitrages à venir
Par ailleurs, cette mesure accroit encore l'écart d'attractivité entre les labels REP et REP+. Elle augure mal, aussi, des travaux à venir sur la révision de la carte de l'éducation prioritaire. Le risque est grand que pour des raisons étroitement budgétaires, on fige le nombre actuel de REP+ et que soit réduit le périmètre des REP. Et sur la prime, rien n’est encore arbitré, le SNUipp restant dans l’attente des discussions qui doivent se tenir avec le ministère. Des discussions où il rappellera que s’il peut être utile de rendre plus attractif certains postes difficiles, c’est le métier dans son ensemble dont il faudrait revaloriser l’exercice pour le rendre attractif.
Enfin, cette prime de 3 000 euros évoquée par Emmanuel Macron, qui met un point d’honneur à tenir ses promesses de campagne, n’était en rien conditionnée à un quelconque mérite. La promesse doit donc être tenue, 3000 € sans conditions pour toutes et tous, y compris les AESH, les personnels en CUI et les AED aujourd'hui écartés de la mesure.