Programmes maternelle, le cadre est préservé !
Mis à jour le 28.05.21
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La note du CSP de décembre dernier sur les aménagements de programme maternelle faisait craindre le pire concernant les missions et spécificités de la maternelle. Mais le rapport de force, créé par le SNUipp-FSU et ses partenaires syndicaux et éducatifs, a pesé sur les échanges qui se sont tenus rue de Grenelle. Au final, un texte qui permet aux PE de conserver leurs pratiques.
Malgré l’accord unanime dont avait fait l’objet les programmes de maternelle 2015 par la communauté éducative et son appropriation par la profession, le ministère a fait le choix de les modifier. Sans concertation, en décembre dernier, le conseil supérieur des programmes (CSP) publie une note remettant en cause la philosophie même des programmes. Mais c’était sans compter sur les fortes mobilisations du SNUipp-FSU et ses partenaires syndicaux et éducatifs pour défendre les spécificités de la maternelle. Vent debout, ils affrontent ensemble cette tempête pour conserver une école maternelle bienveillante et exigeante, respectant le rythme du jeune enfant et la progressivité des apprentissages. De nombreux allers retours sur le texte ont lieu au ministère avant la tenue du conseil supérieur de l'éducation et des modifications également en cours de séance. Il en résulte une prise de distance très nette avec la note du CSP.
L’essentiel est sauf
Les PE vont-ils devoir modifier leurs pratiques à la rentrée de septembre ? La réponse est non. La grande section devient-elle l’année de préparation des évaluations CP ? Non. La place du jeu et du corps sont-ils remis en cause ? Non. Les PE devront-ils apprendre à leurs élèves des listes de mots ? Non. Le programme 2021 constitue donc davantage des aménagements du texte de 2015 qu’un nouveau programme. Les grands principes qui fondent la spécificité de la maternelle sont réaffirmés comme l’éducabilité de tous les élèves, l’évaluation positive, une école accueillante adaptée aux jeunes enfants qui respecte les différences de rythme et de développement, les modalités et domaines d’apprentissage, le développement multi-dimensionnel… La place de la littérature jeunesse, de l’écriture inventée, du jeu, la construction du nombre est réaffirmée. La maternelle demeure garante des spécificités du cycle 1 et des façons particulières dont les jeunes élèves apprennent.
Des points de vigilance demeurent
Toutefois, l'augmentation des attendus des programmes dont certains apportent des objectifs de cycle 2 pourraient mettre en difficulté nombre d’élèves, notamment les élèves des milieux populaires. Le ministère en minore la portée en les présentant comme des objectifs potentiels mais non exigibles pour tous les élèves. Le SNUipp-FSU, en désaccord avec ce renforcement de ces attendus, saura le rappeler en temps et en heure. Cependant demeure le risque d’une mise en échec artificielle avec le danger de prescriptions de séquences d’enseignement très « scolaires » ne donnant pas le temps nécessaire à l’acculturation aux attendus de l’école. L’autre source d’inquiétude est l’annonce de documents d’accompagnement. Depuis 2017, l’empilement des guides a produit une inflation sans précédent du prescrit. En outre, bien que des documents d’accompagnement puissent être conçus comme de simples ressources sans caractère obligatoire, l’expérience montre que la hiérarchie intermédiaire considère bien souvent ces guides comme des prescriptions officielles. Le SNUipp-FSU y sera vigilant.
Défendre la professionnalité
Le SNUipp-FSU encourage donc la profession à utiliser les marges de manœuvre que laissent ces nouveaux programmes. Il soutient et considère les PE comme les acteurs et actrices de la transformation de l’école. Leur professionnalité ne peut être remise en cause. Les débats en lien avec la recherche pour améliorer l’école et la rendre plus démocratique sont nécessaires et doivent se poursuivre. C’est l’objectif du prochain colloque du SNUipp-FSU « Maternelle : il faut voir grand pour les petits » qui se tiendra mardi 1er juin. Seront présents pour échanger différents chercheurs et chercheuses spécialistes de la maternelle et de nombreux enseignants et enseignantes (plus de 800 inscrits à ce jour).