Rentrée : comme si de rien n’était
Mis à jour le 31.12.21
4 min de lecture
C’est dans un contexte épidémique hors du commun que le SNUipp-FSU a été reçu au ministère. Aux questions posées, fruits des remontées du terrain et questionnement des personnels, peu voire pas de réponses. Face à cette situation inacceptable, le SNUipp-FSU maintient ses revendications et dépose une alerte sociale.
La réunion entre les organisations syndicales et le ministère s’est tenue ce jeudi 30 décembre dans un contexte hors du commun. Plus de 200.000 cas positifs quotidiens depuis le 29 décembre hier. Malgré des alertes répétées, sans aucune réponse de sa part, le ministère semble se satisfaire du mode dégradé qui existait avant les vacances et ne prend pas la mesure de la réalité de terrain. Ce qui rend l’appréhension de cette reprise avec le variant Omicron encore plus grande.
Un Ministère complètement hors sol …
Si le ministère assume le maintien du niveau du protocole, il précise que toutes les décisions sont prises selon les directives des autorités de santé.
Concernant l’aspect purement sanitaire, le ministère confirme qu’en décembre les contaminations étaient plus importantes à l’école primaire : pour la dernière semaine avant les vacances, 62 % des cas y étaient recensés.
Le ministère a donc décidé de maintenir le protocole actuel au niveau 3 pour la rentrée de janvier. C’est une forme de « stabilité » qui est choisie sauf pour la règle des cas contacts et des sorties. Cela devrait être actualisé dans la FaQ.
Le débat qui est ouvert est celui du dépistage (nombre de tests à réaliser lorsqu’un enfant est positif dans une classe). Il pourrait être demandé un test obligatoire à 7 jours après le premier cas positif dans une classe. Ce sont les autorités de santé qui trancheront dans les prochains jours.
Concernant les remplacements, le Ministère envisage une possible difficulté dans le remplacement des personnels.
Pour répondre à la complexité de la situation, il certifie que certaines activités seront suspendues et que des consignes ont été données pour alléger tout ce qui n’est pas lié à la crise sanitaire (réunions en présentiel, formations constellations).
En matière d’équipement, la rue de Grenelle précise que les préfets vont agir pour « obliger » les communes à équiper les écoles en capteur de CO2.
La question du jour de carence, suspendu actuellement pour les agents publics en congé maladie dû au Covid-19 jusqu’au 31 décembre 2021, n’est toujours pas revue.
Enfin, le ministère conclut par une annonce essentielle : l'interdiction de manger ou boire du café debout dans les salles des maîtres !!!
Des exigences toujours légitimes
A 4 jours de la rentrée, de nombreuses zones d’ombres persistent. La FaQ n’est pas actualisée, la question de l’isolement n’est pas tranchée… Encore une preuve du peu de cas fait au vécu dans les écoles.
Pour le SNUipp-FSU, il faut au plus vite revenir à la règle de fermeture de la classe au premier cas de Covid. La doctrine actuelle a montré en décembre que le délai d’incubation provoquait de nouveaux cas positifs. Cela sans compter les difficultés actuelles d’accès aux tests. Le SNUipp-FSU rappelle par ailleurs son opposition totale au cumul présentiel/distanciel.
Une énorme inquiétude perdure sur la question des remplacements et la possibilité solution de recruter des contractuels ou des jeunes retraité·es n’est pas une solution. Faut-il rappeler que ce type de recrutement n’a pas trouvé suffisamment de candidat·es l’année dernière ?
Le conseil scientifique annonce un tiers des enseignant·es touché·es par le Covid d’ici quelques semaines, il va donc y avoir des classes sans enseignant·es. La demande du SNUipp-FSU est de faire appel aux listes complémentaires jusqu'à épuisement pour des recrutements pérennes.
Il s'agit également d'organiser une campagne de tests systématiques et hebdomadaires pour tous les élèves et les personnels comme cela se pratique en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Autriche.
En terme d’équipement, le SNUipp-FSU exige la fourniture de masques FFP2 pour les personnes qui le souhaitent et de masques chirurgicaux pour les personnels comme les élèves. L’annonce d’un équipement en capteur CO2 est une bonne nouvelle mais il repose toujours sur les collectivités. L’État doit reprendre la main et équiper immédiatement toutes les écoles.
Enfin le SNUipp-FSU a rappelé la situation très anxiogène vécue par les personnels. Il faut donc soulager les équipes. En ce sens il demande :
- de suspendre toutes les évaluations d’écoles mais aussi les rédactions de projet d’école qui nécessitent de se réunir en présentiel pour discuter et échanger.
- d’annuler les évaluations CP de janvier, les classes vont être suffisamment perturbées.
- de suspendre toutes les actions de formations en présentiel, animations pédagogiques et formations en constellations qui nécessitent du brassage entre les écoles
Face au variant Omicron, le Ministère doit agir immédiatement : équiper, tester, isoler, recruter. A bientôt deux ans du premier confinement, cette reprise ressemble au film « un jour sans fin ». La réponse systématique d’une “école ouverte” coûte que coûte est inconséquente au regard des demandes légitimes des personnels de sécuriser l’école et leurs conditions de travail. Pour permettre à l’école de rester ouverte, il faut au contraire protéger les élèves, les personnels et leurs familles.
Il est temps que le Ministère entende les nécessités impérieuses de l’instant et, dans un temps plus long, abonde un plan d’urgence pour l’école. C’est le sens de l’alerte sociale déposée par le SNUipp-FSU.