Salaires and co, point d’étape du Grenelle

Mis à jour le 26.08.21

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C’est dans une ambiance d’auto-satisfecit que Jean-Michel Blanquer a dévoilé un nouveau scénario salarial dans le cadre du « Grenelle ». Ne concernant que 58 % des personnels, et sous la forme d’une indemnité, ces annonces restent toujours loin du nécessaire rattrapage salarial. Les « efforts » pour les AESH restent eux totalement insuffisants. Et les chantiers engagés notamment sur la direction d’école ou les formateurs-trices vont se poursuivre.

Réunies par le Ministre mercredi 25 août, les organisations syndicales étaient attendues pour faire le point sur le « Grenelle ». Après un discours où le ministre s’est auto-congratulé, un nouveau scénario de revalorisation pour 2022 a été présenté.

Des annonces chiffrées toujours insuffisantes

Celui-ci permettrait à 58 % des enseignantes et enseignants de voir leur fiche de paie évoluer en 2022.
Voilà la forme que cela prendrait :

Scénario de revalorisation retenu
Salaire net mensuel À partir de mai 2021 Scénario pour l’année 2022
Echelon 1 Classe Normale 1432 1432 1432
Echelon 2 Classe Normale 1623 1722,71 1779,71
Echelon 3 Classe Normale 1650 1739,03 1796,03
Echelon 4 Classe Normale 1699 1763,10 1805,85
Echelon 5 Classe Normale 1755 1804,86 1833,36
Echelon 6 Classe Normale 1815 1850,61 1879,11
Echelon 7 Classe Normale 1916 1951,61 1980,11
Echelon 8 Classe Normale 2059 2059 2087,50
Echelon 9 Classe Normale 2183 2183 2211,50
Echelon 10 Classe Normale 2329 2329 2329
Echelon 11 Classe Normale 2495 2495 2495

Par ailleurs, le Ministre a confirmé que les annonces du mois de juillet dernier restaient valables : prise en charge à hauteur de 15 euros par mois par agent·es de la complémentaire santé, comme pour l’ensemble des fonctionnaires, légère augmentation des possibilités de promotion à la hors-classe, développement de l’action sociale mais  sans budget, ni contenu bien définis.

Pour le SNUipp-FSU, le compte n’y est toujours pas. Avec 42 % des enseignantes et enseignants non-concerné·es, la revalorisation actée pour février 2022 laisse beaucoup trop de personnels sur le bord de la route. 
Ces augmentations, 28,5 euros nets mensuels des échelons 5 à 9, ne permettent en outre à aucun moment de répondre au gel quasi-continu du point d’indice depuis 2010 qui a aboutit, conjugué aux hausses des cotisations retraites, à une perte de pouvoir d’achat de près de 17%. En 2021, par rapport à 2010, c'est l'équivalent de deux mois de salaires qui ont été perdu par les enseignant·es.

Enfin en augmentant seulement quelques échelons et de façon différenciée, on assiste à un phénomène de lissage des salaires qui fait qu’en 13 ans de carrière, l’augmentation sera de 201 euros au lieu de 293 avant la première « prime d’attractivité ».

Le SNUipp-FSU rappelle que pour répondre structurellement à la question du pouvoir d’achat des personnels de l’Éducation Nationale, d’une loi de programmation pluriannuelle, avec une revalorisation des grilles indiciaires est nécessaire pour rattraper le retard de 600 euros mensuels au bout de 15 ans d’ancienneté avec la moyenne des pays de l’UE
Et, dès maintenant, il faut décréter le doublement de l’ISAE et une prime d’équipement de 500 euros annuels.

Les autres chantiers se poursuivent

Le Ministre entend poursuivre le reste des chantiers ouverts pour y réaffirmer ses principes en termes de vision du métier et des carrières. Sans en préciser les contours, le développement des profilages de est ainsi à l’ordre du jour. De même, l’exemple de la direction d’école a été mis en avant. Se félicitant de l’augmentation des décharges de direction ainsi que du régime indemnitaire actés pour cette rentrée, le ministre entend poursuivre les travaux sur le « statut des directeurs » et indique également que la loi Rilhac va revenir à l’Assemblée dans les prochaines semaines. Il confirme ainsi sa volonté d’un emploi fonctionnel pour la direction qui introduirait une hiérarchie au sein des écoles.

Cette perspective déstabiliserait les équipes, assujettirait encore plus les personnels à la hiérarchie, modifierait profondément le sens des métiers… au détriment des besoins notamment en temps et en aide administrative au fonctionnement de l’école.

Et les AESH ?

Si le SNUipp-FSU acte positivement la mise en place d’une grille et d’un avancement automatique, il y a un pas entre ce qui s’est fait et ce dont les personnels ont besoin puisque la plupart des salaires augmenteront de moins de 5 euros nets en septembre. Le ministère ne répond pas non plus à l’exigence d’une revalorisation au niveau d’une grille de fonctionnaire de catégorie B.
Plus largement, comment parler de carrière sans mettre en place des commissions paritaires pour échanger avec des représentant·es des personnels ? Comment parler de gestion des ressources humaines sans entendre le rejet des PIAL sur le terrain ?

Si le Ministre se félicite, pour le SNUipp-FSU le compte n’y est pas. Une revalorisation de tous les personnels implique un plan de programmation budgétaire ambitieux pluriannuel et à la hauteur de l’investissement de celles et ceux qui tiennent l’école. C'est un des enjeux de la grève unitaire dans l'éducation du jeudi 23 septembre.